En procès 17 ans plus tard: accusé d'avoir tué son épouse pour payer ses dettes
Un homme de 55 ans subit son procès pour le meurtre de son épouse près de 18 ans après le drame

Jonathan Tremblay
Un quinquagénaire accusé d’avoir froidement assassiné son épouse, à Laval, il y a près de deux décennies, aurait été motivé par ses dettes importantes, qu’il souhaitait éponger en touchant l’assurance vie de la mère de ses deux enfants.
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C’est du moins la théorie que la poursuite entend défendre devant le tribunal, à Saint-Jérôme, où s’est amorcé hier matin le procès d’Ernesto Fera.

Cet ingénieur aujourd’hui âgé de 55 ans est en liberté, mais doit se soumettre à d’importantes conditions, dont l’obligation de payer pour être muni d’un bracelet de surveillance électronique à la cheville.
On lui avait installé ce dispositif peu après son arrestation, en juillet 2019.
Il avait alors été accusé du meurtre prémédité de son épouse, Nadia Panarello, survenu le 12 février 2004.
Des développements dans l’enquête ont permis la mise en accusation 15 ans plus tard.
- Écoutez la chronique de Félix Séguin au micro de Richard Martineau sur QUB Radio:
Ce matin-là, vers 11 h, le corps ensanglanté de la femme qui venait de célébrer son 38e anniversaire trois jours plus tôt a été découvert par une proche dans la résidence cossue du couple, sur la rue Michel-Gamelin.
Sur des photos de la scène qui ont été déposées à la Cour, on peut constater que la victime gisait sur le dos dans la salle de bain et n’était vêtue que d’un pantalon et d’un soutien-gorge. Des traces de lutte semblent être aussi observables.
La dame portait de multiples lacérations au corps, dont une importante au cou.
Absente du boulot
Ce sont des collègues de travail de la gestionnaire de produits chez Future Electronics qui se sont inquiétés de son absence et qui ont prévenu sa famille.
C’est Fera, alors âgé de 37 ans, qui était allé mener leur plus jeune à l’école ce matin-là, contrairement aux habitudes du couple, selon un document mis en preuve.
Même si le mari de la victime était suspect depuis le début de l’enquête, il aura fallu tout ce temps avant qu’il ne soit contraint de prendre place dans le box des accusés pour y être jugé.
Pris à la gorge
Mariés depuis 1989 et parents de deux filles de 10 et 14 ans, les époux avaient déclaré leurs plus hauts revenus bruts en 2003, soit plus de 113 000 $, lit-on dans le dossier soumis. Mais cela ne les a pas empêchés de s’enliser dans une situation financière précaire. L’accusé avait dû mettre le restaurant dont il était copropriétaire sous la protection de la faillite.
À l’époque de la mort violente de Mme Panarello, la famille accusait un retard de trois mois sur les paiements de son hypothèque, et ses taxes scolaires étaient impayées.

Ernesto Fera était pris à la gorge. Il devait également près de 28 000 $ à Revenu Québec et plus de 77 000 $ à un employé à qui il avait emprunté de l’argent un an plus tôt. De surcroît, il avait une dette de crédit de près de 10 000 $.
De son côté, Mme Panarello ne s’était pas affranchie de ses frais d’immatriculation et de location de voiture depuis trois mois.
De jolies sommes
Le décès de la mère de famille a notamment permis à l’accusé de récolter plus de 200 000 $ provenant des assurances de son employeur. Un mois plus tard, il se faisait aussi rembourser la balance de l’hypothèque de 150 000 $ de la maison, revendue l’année suivante avec un profit de 50 000 $. Bref, selon la théorie de la poursuite, il a ainsi pu liquider ses dettes.
Après le meurtre, un proche avait aussi souligné à la police de Laval la disparition de biens de la victime. Sa bague de fiançailles et un de ses bracelets valaient ensemble près de 32 000 $, peut-on lire.
► Après le dépôt hier d’une liasse de documents pour le juge qui entendra l’affaire, le procès d’Ernesto Fera reprendra lundi prochain.