Tuée parce qu’elle portait mal son voile


Richard Martineau
Elle s’appelait Mahsa Amini. Elle avait 22 ans.
Mardi dernier, elle était en visite à Téhéran avec ses proches quand elle a été arrêtée par l’unité spéciale de la police chargée d’appliquer les règles vestimentaires strictes pour les femmes.
Raison : elle ne portait pas son voile comme il le faut.
On pouvait voir ses cheveux.
- Écoutez l'édito de Richard Martineau diffusé chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :
« IMPARDONNABLE ! »
Les gardiens de la morale du régime islamiste ont amené la jeune femme au commissariat pour qu’elle réponde de ses actes. Trois jours plus tard, on a annoncé son décès.
Selon les autorités iraniennes, Mahsa Amini serait décédée des suites d’une crise cardiaque qui l’aurait plongée dans le coma.
Mais selon l’avocat iranien Saïd Dehghan, la jeune femme aurait reçu un coup à la tête qui a provoqué une fracture du crâne.
« Le gouvernement iranien est responsable de la mort de Mahsa Amini, a déclaré Hadi Ghaemi, le directeur du Centre pour les droits de la personne en Iran. Elle a été arrêtée en vertu de la loi discriminatoire sur le voile et est décédée alors qu’elle était dans un centre de détention de l’État. »
Amnesty International exige la tenue d’une enquête pour faire la lumière sur cette mort suspecte.
Et la Maison-Blanche juge que la mort de la jeune femme est « une violation impardonnable des droits humains ».
VOILONS LES GAIS ET LES NOIRS !
Au moment où vous lisez ces lignes, la plupart des grandes marques de vêtements vendent ce qu’on appelle des « accessoires de mode pudique ».
Toutes les grandes bannières ou presque ont lancé leur collection de burkinis et de voiles islamiques.
H&M, Marks and Spencer, Dolce & Gabana, Adidas, Uniqlo, Oscar de la Renta, DKNY, Tommy Hilfiger, etc.
Et il n’y a pas une publication du gouvernement fédéral qui ne contient pas une photo d’une femme voilée. Histoire de montrer que le gouvernement Trudeau est « cool » et « ouvert ».
Imaginez que dans plusieurs pays du monde – je ne sais pas, moi, les pays latins, tiens : l’Espagne, le Mexique, le Venezuela, le Salvador, etc. –, les régimes en place auraient adopté une loi obligeant les Noirs ou les homosexuels à porter un signe distinctif.
Un voile ou un masque.
Pensez-vous deux secondes que le gouvernement du Canada inclurait fièrement dans ses publications officielles des photos de Noirs ou de gais voilés ou masqués ?
Que les plus grands designers du monde fabriqueraient des « accessoires de mode pudiques » pour les gais et les Noirs ?
Que la population accepterait que des profs noirs ou gais portent un voile ou un masque en classe ?
Jamais dans 100 ans.
- Écoutez l'entrevue avec Djemila Benhabib, journaliste, écrivaine et militante politique canadienne d’origine algérienne à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 05 via QUB radio :
JAMAIS
On dirait que c’est discriminatoire.
Alors pourquoi on l’accepte quand ça touche les femmes ?
Pourquoi la discrimination contre les femmes est plus acceptée que la discrimination envers tous les autres groupes de la planète ?
DU CÔTÉ DE LA LIBERTÉ
La vérité, c’est que les individus, les groupes, les entreprises, les associations et les gouvernements qui banalisent le port du voile sont complices des régimes arriérés qui forcent les femmes à se voiler. Comme le disait Pierre Bergé, le partenaire d’Yves St-Laurent qui a toujours refusé de fabriquer des voiles : « Dans la vie, il faut se ranger du côté de la liberté ».