Tuée par un poison indétectable? L’heure de vérité approche pour un couple accusé

Une Montréalaise retrouvée morte dans sa voiture ne peut avoir été tuée que par son ex-conjoint qui serait allé jusqu’à faire venir des Caraïbes un poison indétectable, a plaidé la Couronne lors de la dernière ligne droite au procès d’un couple accusé de ce sordide crime.

«[La victime] avait tout fait pour se protéger, mais les accusés ont été tenaces, méthodiques, inventifs, eux qui se sont donné tant de mal pour ne pas se faire prendre», a lancé au jury M^e Philippe Vallières-Rolland de la Couronne, ce vendredi au palais de justice de Montréal.

Assis dans le box des accusés, Jacques Adonai Charpentier, 41 ans, est resté de marbre en écoutant le procureur demander sa condamnation, pour le meurtre d’Odna Daudier, son ex-conjointe qu’il appelait sa «beauté créole».

Il espère pour sa part être acquitté de meurtre prémédité, tout comme sa conjointe de 24 ans, Mélissa Estimé, elle aussi accusée en lien avec cette affaire survenue le 29 mai 2022.

Mise en scène

Ce jour-là, la victime Odna Daudier, 32 ans, a été trouvée inanimée dans son véhicule stationné dans un secteur industriel de Rivière-des-Prairies. Or, si ce mystérieux décès avait pu passer pour un accident ou un suicide, il s’agit bel et bien d’un meurtre, selon la poursuite.

«Est-ce une mise en scène, pour ensuite maquiller le meurtre?» a demandé la Couronne aux jurés.

Car selon la théorie de la Couronne, M^me Daudier était une femme heureuse et souriante qui n’avait peur que d’une chose: son ex-conjoint. Ce dernier l’aurait traquée avec un GPS et aurait même tenté de l’étrangler dans le stationnement d’un supermarché quelques mois plus tôt.

«Après l’attaque ratée, [les accusés] renforcent la traque, avec engagement», a plaidé la Couronne en soulignant des messages textes entre Charpentier et Estimé.

Mystérieux poison

Charpentier aurait alors envoyé sa nouvelle copine en République dominicaine «toutes dépenses payées» pour chercher un poison indétectable.

«Est-ce que ça pourrait être du cyanure? Un autre poison? On ne le sait pas», a concédé la Couronne.

Mais cette théorie ne peut justifier «hors de tout doute raisonnable» une condamnation, a soutenu M^e Martin Latour de la défense en soulignant que la cause du décès n’avait pas pu être déterminée.

D’abord parce qu’on ne sait rien du poison, mais aussi parce que des échanges entre les accusés laissent croire qu’Estimé en aurait appliqué sur elle avant de revenir au pays.

Quant à l’attaque sur la victime quelques mois plus tôt, l’avocat de la défense a expliqué que, selon la preuve, Charpentier aurait plutôt tenté de retenir la femme en tirant sur son foulard.

«On peut se dire que “c’est louche” ou que [Charpentier] est “probablement coupable”, mais ce n’est pas assez [pour sceller son sort]», a-t-il plaidé en ajoutant que l’ADN de son client n’avait pas été retrouvé dans l’auto de la victime.

M^e Elfriede Duclervil, qui représente Estimé, plaidera la semaine prochaine. La juge Éliane Perreault donnera ensuite ses instructions au jury, avant que celui-ci entame ses délibérations.

Les accusés n’ont pas présenté de défense, comme c’est leur droit.