Tuée en pleine rue par son ex: la prison à vie pour un meurtre «méprisant et haineux»
L'accusé a livré un témoignage cryptique avant d'être condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle

Camille Payant
La famille d’une jeune victime d’un meurtre «méprisant et haineux» a claqué la porte de la salle d’audience, refusant d’entendre le charabia de son ex, condamné à la prison à vie.
«Le 19 octobre 2021, une partie de moi aussi est décédée et bientôt quatre ans plus tard, j’essaie encore d’apprendre à vivre avec ce vide», a écrit la sœur jumelle de Romane Bonnier, Marilou.
Armé d’un couteau dans une main et d’un bouquet de fleurs dans l’autre, François Pelletier avait suivi la jeune femme de 24 ans alors qu’elle marchait dans le centre-ville de Montréal.

En la poignardant en pleine rue, l’assassin s’était adressé aux passants horrifiés, criant: «Il faut qu’elle meure».
«Elle a eu un dernier souffle. Et tu l’as poignardé de 11 coups. Elle ne devait pas mourir, c’était ton choix», lui a dit Lancelot Bonnier, le frère aîné de Romane.

Sa jumelle Marilou a qualifié le meurtre de «méprisant et haineux». Son amie Marie-Kim Allard d’«impardonnable, injustifiable et inhumain».
«Ce jour-là, j’ai été amputée, j’ai perdu un membre. Je saigne encore, comme son corps a saigné», a déclaré sa mère, Jasmine Lebeau, dans une touchante lettre lue lundi matin au palais de justice de Montréal.
Harcelée par son ex
L’assassin et sa victime avaient eu quelques mois auparavant une relation très brève, mais intense. Pelletier n’avait pas accepté la rupture et s’était mis à la harceler, lui envoyant des avalanches de messages.
François Pelletier a été reconnu coupable par un jury de meurtre au premier degré le mois dernier au palais de justice de Montréal. Celui qui se défend seul avait tenté de plaider la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
Il a ainsi écopé automatiquement de la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
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Témoignage cryptique
François Pelletier a pu s’adresser à la cour une dernière fois avant que le juge François Dadour n’officialise la sentence.
Pendant de longues minutes, il a divagué sur des concepts spirituels et métaphysiques. C'en était trop pour les proches de Romane Bonnier, qui avaient déjà eu à entendre le meurtrier témoigner pendant six jours lors du procès. Ils ont quitté la salle d’audience.
Le juge François Dadour a souligné que «François Pelletier ne présentait aucune forme de remords ou de regret» et a qualifié ces paroles de «cryptiques».
L’homme de 39 ans semble «complètement dysfonctionnel en matière d’amour» et a «des fantasmes de protection et de domination des femmes», selon le magistrat.
Cela démontre ainsi «la personnalité, le caractère et la dangerosité de M. Pelletier envers les femmes et la société», a souligné François Dadour.
L’accusé avait déjà été plusieurs mois en prison aux États-Unis pour des infractions liées aux drogues. Il a aussi avoué avoir poignardé deux codétenus en attendant ce procès. Aucune accusation n’a été portée.
François Pelletier a porté le verdict en appel.
Ce qu'ils ont dit
«J’ai eu le bonheur de la serrer dans mes bras pendant 24 ans. Je n’ai plus ce bonheur. Il n’a fallu que quelques secondes pour tuer ce bonheur, tuer ma fille» –Jasmine Lebeau, mère de Romane Bonnier
«M. Pelletier a rendu son procès pour meurtre bien plus difficile à cause de son attitude, son comportement, sa vexation, son ton provocatif et plusieurs de ses opinions scandaleuses» –Le juge François Dadour
«Tu as été victime de l’un des crimes les plus ignobles qui soient [...] En la frappant, c’est une part de moi que vous avez aussi tué. Un tel acte ne devrait jamais exister et pourtant, vous l’avez commis» –Marie-Kim Allard, amie de Romane Bonnier