Tué par une chauffarde récidiviste: un aspirant policier ne pourra jamais vivre son rêve
La femme qui a causé le face-à-face à Mirabel en 2018 risque aujourd’hui jusqu’à 6 ans de détention


Erika Aubin
SAINT-JÉRÔME | Un aspirant policier ne pourra jamais réaliser son rêve de lutter contre l’alcool au volant puisqu’il a été tué par une chauffarde récidiviste, qui risque maintenant six ans d’incarcération pour avoir conduit après une soirée arrosée à deux jours de Noël.
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«Un de ses buts était de contrer l’alcool au volant. Il disait à tous ses amis de ne pas boire au volant. Il était très souvent le conducteur désigné. Je n’accepterai jamais la façon dont mon fils m’a été enlevé», a confié Élisabeth Jones.
La mère de la victime, Julien Lachance, a témoigné ce matin devant une salle remplie de proches pour les observations sur la peine d’Audrey Perrotte, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Au terme d’un procès, la femme de 36 ans avait été reconnue coupable d’avoir causé la mort en conduisant avec un taux de plus de 80 mg d’alcool par 100 ml de sang. Elle dépassait d’environ une fois et demie la limite permise.
Vers 5 h, le 23 décembre 2018, Audrey Perrotte revenait d’une soirée festive lorsqu’elle a bifurqué de sa voie dans une courbe et a happé de plein fouet un véhicule en sens inverse, à Mirabel.
L’autre conducteur, Julien Lachance, est décédé sur le coup. Le jeune homme de 21 ans était nouvellement diplômé de l’École nationale de police du Québec.

Chauffeur désigné
Et ironiquement, il était ce soir-là chauffeur désigné puisqu’après le travail, il était allé chercher sa copine qui croyait avoir trop bu.
«Deux fêtes en parallèle. Deux décisions distinctes. Frédérique Vézina a été témoin du dernier souffle de son conjoint alors qu’elle, elle avait pris la bonne décision: celle de ne pas prendre le volant ce soir-là», a déploré le procureur de la Couronne, Me Sédrik Valiquette.
«J’ai porté le fardeau d’un sentiment de culpabilité, considérant qu’il me ramenait parce que moi, j’étais dans l’incapacité de conduire», a d’ailleurs expliqué la jeune femme.
Julien Lachance aspirait à devenir policier, comme son père. Il attendait impatiemment son entrevue à la Sûreté du Québec.
«Une carrière que j’avais tellement hâte de partager sous peu avec mon fils», a laissé tomber son père, Benoit Lachance.
Le policier a dû s’absenter du travail pendant 10 mois après avoir développé pour la première fois de sa vie des symptômes comme de l’anxiété élevée, du stress et même des douleurs.
«J’ai l’impression d’exister plutôt que de vivre. Je ne suis plus que l’ombre de l’homme que j’ai été avant ce jour. Depuis cinq ans, je tente de reprendre goût à la vie», a-t-il dit.

Une colère l’habite parce que la vie de son fils a été fauchée par un acte criminel, ce qu’il a combattu durant toute sa carrière.
Pas la première fois
La Couronne réclame une peine «quand même sévère» de 5 ans et demi à six ans de détention. Audrey Perrotte, devenue mère pendant les procédures judiciaires, avait été condamnée en 2013 pour alcool au volant.
Me Sédrik Valiquette a souligné au passage qu’il s’agit de la Semaine nationale de la prévention de la conduite avec facultés affaiblies.
La défense réclame aussi une peine à purger dans un établissement fédéral, qui sera mieux en mesure de l’accompagner du fait qu’elle est présentement enceinte. Me Jean-Daniel Debkoski a proposé de 24 à 30 mois d’incarcération.
► Le juge Éric Côté rendra sa décision en mai.
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