Tué en pleine rue dans la Petite-Italie: sa fille inconsolable dénonce la violence armée
La fille de Steven Marques a livré un vibrant hommage à son père abattu par balle


Michael Nguyen
Une jeune femme dont le père a été criblé de balles en pleine rue à Montréal, à la suite d’une «histoire ridicule de toxicomanes», est toujours inconsolable trois ans après le drame qui illustre le fléau des armes à feu dans la métropole, selon elle.
«De plus en plus de gens se promènent avec des fusils, ce sont des gens qui n’ont pas d’ambitions, de valeurs, ni de sentiments. Ça fait mal de savoir que c’est si facile de s’en procurer, n’importe qui peut, c’est pour ça que mon papa a été tué», a déploré Sara Marques vendredi, au palais de justice de Montréal.
La jeune femme s’exprimait lors des audiences sur la peine à imposer à Marcus Barthelus, un criminel qui avait participé à l’homicide de son père Steven Marques en avril 2022.

Ce soir-là, l’accusé de 44 ans voulait se rendre à une soirée dans un logement où des gens consommaient de la drogue. Il s’était fait dire de ne pas se présenter, étant donné qu’une personne avec qui il était en conflit était là, mais Marcus Barthelus a fait fi de l’avertissement.
«Il s’est présenté en terrain miné, avec quelqu’un qu’il savait armé», a commenté Me Katerine Brabant, de la Couronne.
Une dispute a alors éclaté. Et elle s’est terminée en plein milieu de la rue, quand l’individu qui accompagnait Barthelus a sorti son arme à feu pour la décharger sur la victime.
Agents doubles
Tant le tireur que l’accusé ont pris la fuite. Ce dernier a été arrêté à la suite d’une longue enquête policière, qui avait même impliqué des agents doubles.
«J’ai troué quelqu’un, mais ce n’est pas fini», avait dit Barthelus à ces agents.
Le Montréalais avait par la suite été arrêté. Et au terme de son procès, il a été déclaré coupable d’homicide involontaire en raison de sa participation au crime. La Couronne réclame maintenant 10 ans de pénitencier, compte tenu de la gravité du crime.
«C’est survenu au coin de Jean-Talon et Saint-Laurent, c’est un coin achalandé», a rappelé Me Brabant à la juge Anne-Marie Manoukian.
Vœu de non-violence
Barthelus, qui est défendu par Me Anthony El-Haddad, espère s’en tirer avec environ six ans et demi d’incarcération, en plaidant entre autres que dans ce drame, Barthelus avait quand même tenté de désamorcer la situation. Depuis, il a assuré avoir compris que la violence ne menait à rien de bien, d’autant plus qu’il connaissait la victime.
«Je m’excuse à la famille Marques, surtout à sa fille, pour avoir été un des participants... Il me disait comment il aimait sa fille unique. Je m’en veux chaque jour, je m’excuse vraiment...», a-t-il lancé à la cour.
Qualifiant l’affaire «d’histoire ridicule de toxicomanes», il dit avoir ouvert les yeux et maintenant rejeté la criminalité.
«En prison, je refuse de consommer [de la drogue], j’ai fait un vœu de non-violence, j’ai réalisé à quel point ça peut dégénérer», a-t-il dit, en affirmant que «les armes à feu sont un vrai fléau qui détruit les familles».
Mais pour Sara Marques, cela ne lui ramènera pas son père, qui l’aimait, qui la soutenait et lui a tout appris.
«Tout cela est fini, plus jamais je ne pourrais me confier à lui ou lui demander conseil, a-t-elle dit. L’image de le voir couché au sol en train de mourir me hante tous les jours. Je n’accepterai jamais comment il est parti.»
La juge devrait rendre sa sentence ultérieurement.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :