«Tu peux-tu me dire “vous”, s’il vous plaît?»


Isabelle Maréchal
Fini d’être à «tu» et à «toi» avec son enseignant. Du primaire au secondaire, dès l’automne prochain, les jeunes devront adopter le «vous» pour s’adresser aux adultes qu’ils côtoient à l’école.
Rétrograde comme mesure? Pas du tout. Le vouvoiement est plus qu’un pronom: c’est une marque de respect dans sa forme la plus simple et directe. Et ça s’impose. On est allé beaucoup trop loin dans la familiarité.
Fini les «va chier, madame!» par des enfants de 10 ans qui ont pris l’habitude d’envoyer leur enseignant sur les roses. Les p’tits comiques qui trouvent ça drôle de niaiser leur prof en l’insultant vont se faire rappeler à l’ordre. La politesse sera de mise. Le vouvoiement obligatoire. Ça se fait déjà dans certaines écoles au Québec. Personne s’en plaint. Au contraire. Il était temps qu’on l’applique partout.
Ça passe par «vous»
Ça rappelle que l’école n’est pas un terrain social vague où tu peux faire ce que tu veux. Il y a des règles, des codes à respecter. Les relations y sont hiérarchisées. Comme dans la vie. Un enfant qui tutoie tout le monde grandit dans une confusion constante. Qui est l’ami? Qui est l’autorité? «Vous, monsieur!» Ça clarifie la relation: ton prof, c’est pas un copain de classe. Si tu l’apprends pas sur les bancs d’école, tu l’apprendras jamais.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Ce ne sont pas les adeptes de la vieille école qui réclament ce retour à la base du civisme, ce sont les jeunes eux-mêmes. L’an dernier, l’aile jeunesse de la CAQ a supplié le gouvernement d’intervenir pour ramener un peu de sens civique à l’école.
Nous vivons une crise de civilité. Nos jeunes le sentent bien. Ils nous demandent, à nous, adultes, de leur fournir un cadre sécuritaire, propice aux études. Un cadre qui structure les rapports sociaux et qui protège les deux côtés de la relation. Ils sont convaincus que c’est nécessaire si on veut régler le fléau de l’intimidation. Le respect, ça commence dans la cour d’école, ça se poursuit dans les corridors. Et sur les réseaux sociaux.
«Tu dois respecter ton prof!»
Je plains tout de même un peu les enseignants qui en auront plein les bras dès la prochaine rentrée scolaire: en plus de jouer à la police du cellulaire, qui sera interdit même dans la cour d’école, ils devront reprendre les élèves trop familiers. Ça va demander la collaboration de tous et, surtout, des parents. Ce sera une belle occasion de discuter avec notre progéniture. De reconnaître le savoir et le rôle des éducateurs. Le respect ne s’impose pas, il s’enseigne. À l’école... et à la maison.
Vous avez vu l’excellente publicité du ministère de l’Éducation qui montre des parents en train de faire la vaisselle et de critiquer l’enseignant de leur fils? Quand ils se rendent compte que leur jeune les écoute, ils arrêtent net leur bitchage. Le message est clair: c’est à nous de montrer l’exemple.