Trump veut nous mettre à genoux
Samedi, il a frappé fort avec sa taxe de 25% sur les exportations canadiennes

Pierre-Olivier Zappa
Samedi, il a frappé. Un décret. Un séisme économique. Une taxe de 25% sur les exportations canadiennes et mexicaines. Mais ce n’est pas un dérapage. C’est un plan.
Vous cherchez à comprendre la logique de Tariff Man? La réponse est simple, et elle se trouve à la page 53 de son livre. Dans The Art of the Deal, Trump livre sa méthode: exagérer, semer le chaos, forcer l’autre camp à céder.
«Mon style de négociation est assez simple et direct. Je vise très haut, puis je continue à pousser, pousser et pousser jusqu’à obtenir ce que je veux.»
Trump applique cette stratégie depuis toujours. En 1982, pour convaincre Holiday Inn d’investir dans un de ses casinos, il a mis en scène un chantier bouillonnant... mais trompeur. Des bulldozers creusaient des trous inutiles. Des ouvriers simulaient une activité frénétique sur un chantier. Tout ça pour donner l’illusion d’un projet en plein essor.
Bluffés, les dirigeants ont décidé d’investir. En réalité, ce chantier était loin d’être prêt. Mais Trump avait réussi: il avait créé l’urgence, manipulé la perception et forcé Holiday Inn à agir sous pression.
Avec ses tarifs, Trump rejoue le même scénario. Il frappe fort. Et ensuite, il négociera. Mais à ses conditions.
Le chaos, son terrain de jeu
Quand le chaos s’installe, il essaie d’en profiter. Remontons aux années 1990. Il possédait trois casinos à Atlantic City. Un empire bâti sur des milliards d’emprunts.
Il a surendetté ses entreprises jusqu’à l’asphyxie. Et quand les finances ont plongé, il a laissé le chaos s’installer. Plus de paiements. Plus de salaires. Il a menacé ses créanciers, les forçant à renégocier plutôt que de tout perdre. Résultat? Les casinos ont fait faillite. Mais Trump, lui, a protégé sa fortune personnelle.
La tactique des tarifs, c’est le même schéma. Il déclenche une crise, attend que l’autre camp panique... puis impose ses conditions.
La victime à genoux
Il est important de souligner que Tariff Man ne négocie jamais en terrain égal. Il attend que son adversaire soit à bout de souffle... et frappe au moment où il ne peut plus refuser.
On retourne en 2008, durant la crise financière, il devait 640 millions $ à Deutsche Bank pour la construction de sa tour à Chicago. Incapable de rembourser, il aurait pu tout perdre. Mais plutôt que d’assumer ses pertes, il a attaqué la banque en justice.
Il a prétendu que la crise était une force majeure. Il a traîné Deutsche Bank devant les tribunaux, l’accusant de pratiques abusives. La banque, prise au piège, a préféré renégocier sa dette plutôt que de s’enfoncer dans une guerre juridique. Trump a évité la faillite en retournant la situation contre ses créanciers.
Aujourd’hui, c’est le Canada qui est sa cible. Et la vraie question n’est pas: «Pourquoi Trump fait-il ça?» C’est plutôt: «Jusqu’où ira-t-il avant que le Canada cède?»
Tariff Man attend que les pertes s’accumulent, que l’économie canadienne souffre, que la pression monte sur Ottawa... Et quand nous serons au pied du mur, il entrera en scène avec son «deal».