Trump tire le monde vers le bas
Demandez à votre pays ce qu’il peut faire pour moi!


Richard Martineau
Je suis en train de lire une passionnante biographie de John F. Kennedy, JFK, Coming of age in the American Century 1917-1956, de Fredrik Logevall, lauréat d’un prix Pulitzer.
Contrairement à l’image qu’on s’en est faite au fil des ans, cet homme n’était pas parfait, ni dans sa vie personnelle ni dans sa vie professionnelle.
Il a entre autres entraîné les États-Unis dans le bourbier vietnamien.
Mais lorsque Kennedy parlait aux Américains, il s’adressait à la meilleure part d’eux.
Il les tirait vers le haut.
Il les encourageait à se dépasser. À rêver.
À devenir de meilleurs citoyens.
LA PIRE DES RÉPONSES
Trump fait tout le contraire.
Il tire les gens vers le bas et s’adresse à la pire part d’eux.
Avec lui, ce n’est pas «Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays», mais «ce que votre pays peut faire pour vous».
Ou plutôt: «Pour moi.»
Kennedy considérait les politiciens des autres partis comme des adversaires qu’il fallait convaincre.
Trump les considère comme des ennemis qu’il faut détruire.
Kennedy préférait la diplomatie à l’usage de la force, la parole à la contrainte, les idées aux muscles.
Trump ne respecte que la force.
La force brute.
Les lois, les règles, la Constitution?
Du gros niaisage. Des obstacles qui nous empêchent d’agir.
Je suis le président et j’ai le droit de faire ce que je veux.
Fuck la justice, l’important, c’est d’être efficace.
On dit du wokisme que c’est la gauche dans ce qu’elle a de pire. La «bienveillance» poussée jusqu’à la niaiserie.
Eh bien, le trumpisme, c’est la droite dans ce qu’elle a de pire.
Bien sûr qu’il faut mettre un frein à l’immigration massive, à la criminalité, au communautarisme, à la dégradation des institutions d’enseignement, qui ressemblent de plus en plus à des usines destinées à former des militants extrémistes.
Mais pas comme ça.
Pas avec un batte de baseball.
Trump, c’est la pire des réponses à une excellente question.
Les wokes nous ont poussés vers l’extrême gauche?
On va aller à l’autre extrême!
Combattre le feu par le feu!
Les wokes vouaient un culte aux marginaux? Nous allons bannir tous ceux qui s’écartent un tant soit peu de la norme!
La gauche voulait abolir les frontières? On va ériger des murs!
Les wokes rêvaient d’une identité fluide? On va avoir des identités exacerbées! Des hommes qui agissent comme des hommes, des femmes qui se comportent comme des femmes!
Les wokes préconisaient la fuite en avant? On va reculer loin en arrière!
Trump, c’est l’Amérique qui se jette dans un lac pour échapper à la pluie.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
LE JUSTE MILIEU
Non, JFK n’était pas un saint.
Mais ce n’était pas une brute non plus.
Ni ange ni bête, comme dit l’adage.
On le respectait, car il se comportait de façon respectable, digne.
Qui a envie d’être comme Trump?
C’est ça, le modèle qu’on veut donner à nos enfants?
Espérons qu’entre le gnangnan naïf de l’extrême gauche et l’arrogance ignare de l’extrême droite, qui toutes les deux mènent à un cul-de-sac, l’Amérique et le monde retrouveront le chemin menant au juste milieu.