Trump s’entend avec plusieurs autres pays avant le Canada: «Ce n’est pas un mauvais scénario» pour nous, croit Jean Charest

Yannick Beaudoin
Le temps joue en faveur du Canada dans ses négociations avec les États-Unis de Donald Trump, soutient l’ex-premier ministre du Québec et avocat associé au cabinet Therrien Couture Joli-Cœur, Jean Charest.
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L’important pour Ottawa est de ne pas oublier son objectif principal qui est de protéger l’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, soutient l’ancien politicien.
Ce dernier rappelle que la Cour suprême américaine pourrait se prononcer dès janvier sur les tarifs douaniers de Donald Trump.
«La vaste majorité des experts s’attendent à ce que la Cour suprême invalide l’approche que monsieur Trump a priorisée. Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de tarifs, parce qu’ils vont préparer un scénario numéro 2, mais ça va beaucoup compliquer sa vie et ça va affaiblir en quelque sorte sa position», clame l’ancien premier ministre.
Jean Charest n’en démord pas: malgré la décision du président américain de suspendre les négociations, «sous le prétexte» qu’il était frustré par la publicité de l’Ontario, la stratégie de Trump demeure d’intimider pour obtenir des concessions.
«Les chaînes d’approvisionnement sont tellement liées que détricoter tout ça, ce serait un risque important pour l’économie américaine, un risque que les Américains et l’administration ne voudront pas prendre. Tout ce que nous savons, tout ce que nous avons décodé de la position américaine, c’est qu’ils veulent préserver l’accord de libre-échange», souligne M. Charest.
Dans ce contexte, voir les États-Unis s’entendre avec la Chine et le Japon avant de conclure un accord avec le Canada, ça n’a rien d’inquiétant, estime l’avocat et ancien premier ministre.
«Ce n’est pas un mauvais scénario qu’on arrive plus sur la fin des négociations avec tous les autres pays, parce qu’ils auront conclu, ils auront donné un certain nombre de choses. Ça va nous donner plus de lisibilité sur l’entente finale. Alors, il ne faut pas se laisser distraire par monsieur Trump, il ne faut pas se laisser intimider non plus. Il faut qu’on soit plus intelligent, plus stratégique. Et ça, ça veut dire ne jamais perdre de vue notre objectif le plus important, continuer à négocier et à faire monter la voix des Américains sur l’aluminium, sur l’acier – parce qu’il fait mal à son économie – et faire travailler le temps pour nous», affirme Jean Charest.
Le gouvernement Carney doit donc éviter de réagir aux envolées de Donald Trump, estime l’ex-politicien.
«Il ne faut pas que Mark Carney joue dans le film de Donald Trump. Il ne faut pas qu’il cède à la tentation de jouer dans le cinéma de Donald Trump. C’est à nous de faire notre propre script qui nous amène vers les conclusions qui sont dans l’intérêt du Canada», résume M. Charest.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.