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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

«On ne sait pas jusqu’où ça va aller»: Trump s’en prend aux camionneurs qui ne parlent pas anglais

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David Descôteaux et Francis Halin

2025-05-27T04:00:00Z
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Les camionneurs québécois ont un mois pour suivre des cours rapides d’anglais, sinon une surprise pourrait les attendre au sud de la frontière.

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À partir du 25 juin, tout camionneur circulant aux États-Unis devra être en mesure de lire et comprendre les panneaux de signalisation en anglais, de communiquer verbalement avec les autorités et de comprendre les consignes écrites ou orales émises par les forces de l’ordre.

Dans le cas contraire, un douanier ou un patrouilleur pourrait mettre «hors service» tout conducteur de véhicule commercial.

«Ça ne me fait pas peur, mais va falloir être tolérant envers certaines personnes qui parlent moins bien anglais», réagit Gilbert Thibault, propriétaire de l'entreprise de transport portant son nom. «Il y a des coins au Québec où ça ne parle pas anglais du tout».

«S’ils sont pris là, qu’est-ce que l’on fait avec la marchandise? Avec le chauffeur?» se demande Benoit Racette, à la tête d’une firme de consultation de gestion de crise.

«Si on tombe sur quelqu’un de zélé, le chauffeur est retiré sur le bord de la route et le camion reste là. C’est dans l’angle mort de beaucoup d’entreprises», résume-t-il.

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• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Le feu n’est pas pris

Le président américain a signé ce décret le 28 avril. Cette exigence existe depuis longtemps dans la réglementation fédérale, mais son application avait été assouplie en 2016, sous l’administration Obama.

À l’Association du camionnage du Québec (ACQ), le PDG Marc Cadieux est préoccupé par l’enjeu, mais estime que le feu n’est pas encore pris. «Il y a une crainte que ce décret soit interprété de façon démesurée de la part des autorités», observe-t-il.

«Il y a des camionneurs qui ne parlent pas bien anglais, mais qui comprennent bien les panneaux. Ils pourraient se faire arrêter par des douaniers, des agents de l’immigration, par la police», craint Benoit Racette.

«Ça a toujours existé dans le fond. Déjà le douanier, s’il juge que tu ne parles pas anglais assez, il te revire de bord. C’est la première porte d’entrée», explique Benoit Therrien, président de Truck Stop Québec, une plateforme médiatique québécoise consacrée à l’industrie du transport routier.

«S’il te demande où tu t’en vas, et tu réponds "deux hot-dogs", tu n’es pas à la bonne place... Mais je n’ai jamais vu quelqu’un se faire arrêter pour un anglais insuffisant».

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Selon lui, les camionneurs avec un anglais déficient sont nombreux, mais ils ont toujours passé les douanes sans problème.

«Je ne sais pas si ça va vraiment changer, mais la plupart des entreprises vont attendre parce que c’est peut-être encore une menace et que Trump ne fera rien finalement», ajoute-t-il.

Les entreprises sont actuellement en attente du gouvernement américain, qui dévoilera sous peu les lignes directrices précises pour que les agents américains puissent mettre hors service les chauffeurs de camion commercial qui ne répondent pas aux critères linguistiques.

Les hispanophones visés?

Plusieurs croient que le décret du président américain vise principalement à faire le ménage dans l’industrie, notamment au Texas, ou même à mettre au pas certains camionneurs ontariens.

«C’est peut-être pour régler leur problème d’espagnol de leur côté, notamment au Texas, ou pour régler la multitude d’entreprises en Ontario», dit Benoit Therrien.

En mars dernier, l’émission J.E et le Bureau d’enquête du Journal avaient montré qu’à Brampton, notamment, c’était le Far West sur le plan des formations et de la langue.

«Je ne crois pas que les Québécois sont particulièrement visés, et je ne m’attends pas à ce que beaucoup d’entre eux soient mis hors service», conclut Benoit Therrien.

RECTIFICATIF

Dans une version antérieure de cet article publié le 27 mai dernier sur les camionneurs circulant aux États-Unis, nous avons erronément identifié Gilbert Thibault comme étant copropriétaire de Transport Gilmyr inc. Or, M. Thibault n’a plus aucun intérêt dans cette entreprise. Marcus Deschênes est le président de Transport Gilmyr inc et est la seule personne autorisée à parler au nom de cette compagnie.

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