Trump prépare un autre spectacle
Le président des États-Unis doit annoncer ses tarifs demain dans ce qu’il appelle « le jour de la libération »


Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | C’est la semaine de vérité pour le président Donald Trump, qui doit annoncer la mise en vigueur prochaine d’une foule de tarifs sur ses partenaires commerciaux, malgré les voyants rouges qu’il persiste à ignorer.
Une récession se profile à l’horizon, une hausse de l’inflation aussi, les Bourses mondiales vacillent, les investisseurs sont sur les dents : quoi qu’il en soit, le républicain milliardaire fonce tête baissée vers le 2 avril, qu’il surnomme « jour de la libération ».
Libéré de quoi ? De qui ? Il s’agit encore d’un mystère pour l’instant, quoiqu’il faille avouer que le slogan est accrocheur.
La liberté n’est pas gratuite
Demain, pendant que le monde entier retiendra son souffle, tous les projecteurs seront braqués sur Trump, qui doit faire son annonce dans le jardin de la Maison-Blanche.
Le genre d’attention et de mise en scène dont il raffole.
« Ce sera notre premier événement au Rose Garden, a affirmé sa porte-parole, Karoline Leavitt, hier. Le président annoncera un plan de tarifs qui va mettre fin aux pratiques d’échanges commerciaux injustes qui ont arnaqué notre pays pendant des décennies. »
« Il fait cela dans l’intérêt supérieur des travailleurs américains. »
Pourtant, Donald Trump ne semble pas se soucier du consommateur américain, qui est, la plupart du temps, la même personne que le travailleur qu’il dit tant vouloir protéger.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Au cours de la fin de semaine, en entrevue, le président a lancé qu’il se « fiche complètement » si les voitures importées coûtaient plus cher à cause des tarifs de 25 % qu’il pourrait bientôt décréter.
« Je m’en fiche complètement. J’espère qu’ils augmenteront leurs prix, parce que si c’est le cas, les gens achèteront des voitures fabriquées aux États-Unis. Nous en avons plein », a-t-il affirmé.
Une liberté à géométrie variable dans l’espoir de voir renaître un âge d’or américain d’après-guerre idéalisé.
Le diable, comme d’habitude, sera dans les détails. Et, pour l’instant, ils se font rares.
Improvisation
Donald Trump prend un malin plaisir à tenir le monde en haleine depuis son assermentation, le 20 janvier dernier.
Ses admirateurs voient dans ce yoyo tarifaire une manière astucieuse de négocier.
Les voyants rouges de l’économie racontent plutôt une autre histoire, celle d’une administration qui improvise un plan à la petite semaine.
Quelques heures à peine avant le jour « L », les rumeurs vont bon train à Washington.
Des exceptions pour le Canada ?
Le président annoncera-t-il des tarifs spécifiques selon les pays ou des droits de douane mur à mur à l’ensemble de ses partenaires commerciaux ?
Est-ce que certaines industries pourraient être exemptées ?
« Il n’y a aucune exemption de prévue, pour le moment », a souligné Karoline Leavitt.
« Pour le moment », a-t-elle spécifié, ce qui rappelle qu’une mauvaise surprise n’attend pas l’autre avec cette administration.