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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Trump: pour mes amis, tout, et pour mes ennemis, la loi

Le président des États-Unis, Donald Trump.
Le président des États-Unis, Donald Trump. Photo AFP
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Photo portrait de Pierre Martin

Pierre Martin

2025-05-28T04:00:00Z
2025-05-28T04:05:00Z
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Cette citation attribuée à l’ancien dictateur péruvien Oscar Benavides résume bien la gouvernance corrompue, revancharde et autoritaire de Donald Trump.

Lors de sa visite à la Maison-Blanche, le premier ministre Mark Carney a flatté Donald Trump en le qualifiant de «président transformateur». C’était un éloge à deux tranchants. Donald Trump est bel et bien en train de transformer son pays... en État autoritaire.

Désormais, il faut se plier aux volontés du président – de préférence en pompant des millions dans ses entreprises et arnaques familiales – ou subir sa vengeance.

Jusqu’à maintenant, la corruption et la vengeance fonctionnent. Reste à voir si les tribunaux résisteront à ses efforts pour transformer la règle de droit en règne de l’arbitraire.

Corruption

Au Moyen-Orient, Trump a léché les bottines des pétromonarques en échange de faveurs pour ses entreprises familiales et du cadeau le plus outrageusement ostentatoire de l’histoire de la diplomatie américaine. La semaine dernière, il a accueilli quelques centaines d’«investisseurs» qui ont payé 148 millions $ pour avoir le privilège d’entendre un discours insipide.

Cette corruption ouverte rapporte gros. Les cheikhs peuvent compter sur l’appui de la puissance américaine sans avoir à réformer leurs dictatures. Quant à ceux qui ont pompé des millions dans sa cryptomonnaie, certains ont bénéficié de la grâce présidentielle pour diverses infractions criminelles alors que d’autres comptent sur d’autres faveurs imminentes.

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Revanchisme

Pendant ce temps, ceux qui critiquent Trump ou osent résister aux dictats de son administration subissent les foudres de son esprit revanchard.

Bruce Springsteen, en tournée en Europe, ne s’est pas gêné pour dénoncer l’autoritarisme et la corruption de Trump qui l’a accusé de trahison pour l’avoir critiqué en sol étranger (même si Trump a déversé du fiel sur ses prédécesseurs dans chacun de ses discours devant les princes arabes). Résultat: comme d’autres personnalités qui ont ouvertement critiqué Trump, le «Boss» sera probablement sujet à une flopée de poursuites ridicules mais coûteuses.

Le même esprit revanchard anime l’attitude de Trump face à l’Université Harvard, qui a choisi de ne pas abdiquer devant les demandes abusives de réparation pour des offenses imaginaires et qui risque en retour de voir ses subventions de recherche partir en fumée et tous ses étudiants internationaux expulsés.

La loi ou l’arbitraire

Comme beaucoup d’autres opposants qui ne se plient pas aux quatre volontés de Trump, Harvard fait appel aux tribunaux pour contrer ces demandes abusives et illégales. Toutefois, les coûts immédiats de ce genre de harcèlement judiciaire systématique peuvent être considérables et plusieurs organisations et individus ciblés par Trump n’auront pas les reins assez solides pour s’en remettre.

Même si les tribunaux donneront probablement raison à la plupart des cibles du revanchisme de Trump, son objectif de faire taire ses critiques à coups de menaces et d’intimidation a de bonnes chances d’être largement atteint.

Pendant quelques années, donc, les amis de Trump et les oligarques qui l’entourent pourront profiter allégrement de ses largesses. Les autres devront faire face à la loi, pour les plus chanceux, ou se plier à la volonté arbitraire d’une présidence impériale.

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