Trump n’est pas le premier président à rêver d’un 3e mandat à la Maison-Blanche

Martin Landry
Le président Donald Trump jongle de plus en plus avec l’idée de demander un troisième mandat, même si la Constitution ne le lui permet pas. Historiquement, seul Franklin Roosevelt en a fait trois au complet et même entamé un quatrième, interrompu par son décès. Alors, dans quel contexte les Américains ont-ils un jour choisi de limiter à deux le nombre de mandats de leur président et est-il possible que cette règle constitutionnelle change?
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CONSTITUTION DES ÉTATS-UNIS
Ce document fondateur des États-Unis d’Amérique est l’une des plus anciennes constitutions écrites encore appliquées sur Terre. Elle encadre et fixe les limites législatives du pays de l’oncle Sam, c’est sa loi suprême. Elle s’applique depuis le 4 mars 1789 et, même s’il est complexe de la modifier, il est possible de l’ouvrir à cet effet. D’ailleurs, elle a été modifiée 27 fois depuis sa mise en application.
Le 22e de ces amendements constitutionnels avait justement pour but de limiter à deux le nombre de mandats qu’un président puisse faire, que ces mandats soient consécutifs ou non. Le Congrès américain a adopté cet amendement sous la présidence de Truman en 1947. Cette disposition s’applique depuis le 7 février 1951, après que les 36 États requis pour faire un amendement ont accepté le changement constitutionnel. Il faut savoir qu’à l’époque, cela prenait 36 des 48 États (aujourd’hui, il y en a 50).

HISTORIQUE DE RÉÉLECTION
On sait que plusieurs des premiers présidents ont sollicité un second mandat et réussi à l’obtenir. C’est le cas de George Washington, de Thomas Jefferson, de James Madison, de James Monroe et d’Andrew Jackson. Ce qu’on sait moins, c’est que ces hommes adhéraient naturellement au principe d’une limite de deux mandats, probablement pour que la république américaine se démarque des vieux systèmes monarchiques. Ainsi, pendant longtemps, la limitation à deux mandats n’était qu’une règle tacite et non une règle officielle.
L’idée de fixer une limite officielle a refait surface après la présidence de Franklin Delano Roosevelt tout simplement parce qu’il était resté à la Maison-Blanche un peu plus de 12 ans, à cause de la Seconde Guerre mondiale.
Avant lui, seuls cinq anciens présidents avaient essayé d’obtenir un troisième mandat, mais sans succès.
Le dernier en liste fut Harry S. Truman (de 1945 à 1953). Il avait fait un premier mandat à la suite du décès de Roosevelt (parce qu’il était son vice-président), puis il a été élu en 1948. Mais, lorsqu’il a voulu se lancer dans la course pour obtenir un troisième mandat, le 22e amendement venait tout juste d’être voté au Congrès. Cependant, l’amendement lui permettait de tenter sa chance, puisqu’il contenait une exception pour le président en fonction lors de l’adoption du changement constitutionnel. Mais Truman a choisi de se retirer de la course à l’investiture démocrate après la première primaire. Il ne fera donc pas de troisième mandat, et plus personne après lui n’aura ce droit.

CRITIQUES PUBLIQUES
Si la restriction des deux mandats semble faire largement consensus, deux présidents en exercice, Ronald Reagan et Bill Clinton, ont publiquement critiqué la règle. Reagan voulait tout simplement enlever toute forme de limitation. Clinton, lui, était plus nuancé. Il parlait plutôt de modifier la Constitution pour qu’un ancien président ayant déjà cumulé deux mandats puisse se représenter plus tard, après avoir laissé sa place dans le Bureau ovale pendant au moins quatre ans.
Donald Trump, lors de sa première présidence (de 2017 à 2021), avait ironisé sur la règle des deux mandats. Il s’était même permis de dire qu’il pourrait rester dans son siège présidentiel pour toujours, «forever».
Ses commentaires des derniers jours sur un troisième mandat potentiel n’ont donc rien de surprenant. Mais, pour y arriver, il devra faire modifier la Constitution, et ça, c’est loin d’être simple.