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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Trump ne manquera pas de soutien à Hollywood

Photo d'archives, AFP
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Photo portrait de Guy Fournier

Guy Fournier

2025-05-05T23:30:00Z
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D’un seul tweet, Donald Trump vient de chambouler la planète du cinéma et de la télévision.

Mais seulement la moitié de cette planète divisée en deux: producteurs, réalisateurs et artistes d’un côté, artisans et techniciens de l’autre. Si les premiers adorent la liberté de travailler là où ils le veulent, avec qui ils le souhaitent, les autres, comme n’importe quels travailleurs «ordinaires», cherchent un emploi stable avec leurs collègues habituels dans des endroits ou des studios qui leur sont familiers.

Lorsque le cerbère échevelé de la Maison-Blanche a annoncé, dimanche, que les films étrangers menacent la sécurité nationale et qu’il entend les taxer, les 15 000 à 18 000 artisans et techniciens californiens qui ont perdu leur emploi dans le cinéma depuis quatre ans ont sauté de joie. Mais pas ceux du Canada. Nos milliers d’artisans et de techniciens qui gagnent leur vie dans les productions américaines réalisées dans nos studios risquent de se retrouver sur le pavé.

Hollywood comme Détroit

Ces techniciens et artisans s’inquiétaient aussi de leur avenir quand Netflix, Disney et cie menaçaient de ne plus produire au Canada si la Loi sur la diffusion continue en ligne leur imposait des redevances. Pour l’instant, les plateformes américaines attendent le jugement de la Cour fédérale, devant laquelle elles ont contesté cette obligation. La décision doit être rendue cet été.

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Donald Trump n’a rien à cirer du contenu des films et des séries, mais Michael Miller Jr, vice-président d’IATSE, l’union qui regroupe techniciens et artisans, savait qu’il toucherait une corde sensible chez le président lorsqu’il a déclaré au New York Times, le mois dernier, «que la Californie subit avec le cinéma et la télévision le même triste sort que Détroit a connu avec l’industrie automobile».

Toronto, Vancouver et Montréal n’ont pas cessé de faire du «maraudage» à Hollywood et à New York afin d’attirer des productions américaines. Nos grandes villes ont eu dans leur démarchage l’appui inconditionnel des gouvernements fédéral, provincial et municipal, qui ont tous consenti de généreux crédits d’impôt et de nombreux avantages aux producteurs américains.

La valse des crédits d’impôt

Ceux-ci ont encore d’autres raisons de produire chez nous: notre dollar est à escompte sur le dollar américain et nos équipes sont extrêmement compétentes et productives et elles travaillent à salaire moindre qu’aux É.-U. Des économies qui sont cruciales pour les producteurs de cinéma qui ne peuvent plus compter sur les ventes de DVD, que les plateformes ont réduites à néant, sans parler de la fréquentation des salles qui ne s’est jamais remise de la pandémie.

Dans l’espoir de redresser la situation, le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, a doublé les crédits d’impôt accordés aux producteurs. Donald Trump n’a donc pas tort de dire que l’industrie américaine du cinéma et de la télévision est en péril, mais comme on le verra dans ma chronique de jeudi, le président a d’autres motifs – moins avouables, ceux-là – d’imposer des tarifs aux films et séries produites à l’étranger.

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