Trump insiste pour «récupérer» le montant de l’aide à l’Ukraine

AFP
Donald Trump a martelé samedi qu’il souhaitait «récupérer» le montant de l’aide fournie à l’Ukraine depuis le début de la guerre contre la Russie, sur le point d’entrer dans sa quatrième année dans un contexte de détente entre Washington et Moscou.
Les alliés européens de Kyiv se mobilisent à l’occasion du troisième anniversaire, lundi, du lancement de l’invasion russe à grande échelle, survenu le 24 février 2022. Le président français, Emmanuel Macron, sera ce jour-là à Washington; et le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, à Kyiv. Londres annoncera pour sa part de nouvelles sanctions contre Moscou.
Car depuis l’entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, le locataire de la Maison-Blanche a complètement inversé la position des États-Unis à propos du conflit en Ukraine, reprenant la rhétorique du Kremlin concernant la responsabilité des autorités ukrainiennes et qualifiant même Volodymyr Zelensky de «dictateur».
«On demande des terres rares et du pétrole, n’importe quoi qu’on puisse obtenir», a lancé encore samedi le président américain au grand rassemblement annuel des conservateurs, qui a lieu près de Washington.
«Ils veulent nous soutirer 500 G$» a de son côté accusé, le même jour, auprès de l’AFP, une source ukrainienne proche du dossier, assurant que l’Ukraine a proposé «des modifications et de manière constructive» au projet d’accord sur les minerais soumis par Washington.
M. Zelensky comprend que la signature d’un tel document est «cruciale», a quant à lui simplement commenté l’émissaire américain Keith Kellogg, qui vient de se rendre à Kyiv.
Projet de résolution
Car sur le terrain, la situation reste difficile pour l’Ukraine, très dépendante de l’aide occidentale face à l’armée russe, qui progresse ces derniers mois dans l’est.
Trois bombes guidées russes ont attaqué Kostiantynivka, un important bastion ukrainien dans l’est, et fait samedi un mort, une femme, dans un immeuble d’habitations, selon les autorités.
Et la capitale, Kyiv, a été touchée dans la nuit de samedi à dimanche par une attaque qui a fait des dégâts dans plusieurs quartiers, sans victime constatée dans l’immédiat.
Tandis que l’Assemblée générale de l’ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire du conflit, Washington a proposé un projet de résolution qui ne mentionne pas le respect de l’intégrité territoriale de ce pays.
«Une bonne idée», a réagi l’ambassadeur de Russie aux Nations Unies, Vassili Nebenzia.
Ce texte, consulté par l’AFP, qui ne comporte que 65 mots, comporte un appel à «une fin rapide du conflit» et à «une paix durable», une formulation vague et laconique, très éloignée des précédentes résolutions de l’Assemblée, qui soutenaient clairement l’Ukraine.
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a exhorté les États membres de l’ONU à voter pour cette nouvelle résolution «historique» afin de «tracer un chemin vers la paix», cependant que Donald Trump a jugé que l’Ukraine n’avait «aucune carte en main» et que la présence de Volodymyr Zelensky à des négociations avec la Russie n’était «pas importante».
Des «garanties de sécurité»
Désarçonnés par le soudain dialogue américano-russe sur l’Ukraine, la plupart des pays européens cherchent à s’y opposer, craignant que Donald Trump ne mette fin à la guerre en favorisant Moscou et sans fournir de garanties de sécurité à Kyiv et à l’Europe.
C’est le moment de «serrer la vis contre la Russie de Poutine», a plaidé le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, annonçant que Londres dévoilerait lundi un «important train de sanctions» contre Moscou.
Le premier ministre, Keir Starmer, qui s’est entretenu samedi avec Volodymyr Zelensky et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rend à Washington jeudi. Il y sera précédé lundi par Emmanuel Macron.
«La sécurité des Français et des Européens, c’est important». La Russie est «surarmée» et «continue de se surarmer», va plaider à M. Trump le chef de l’État français, qui entend bien «accélérer encore [le] réarmement et renforcer plus vite [ses] capacités», a expliqué son ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
«On ne peut pas imposer la paix de l’Ukraine», a martelé le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, deux jours avant une visite à Kyiv, rejetant «la loi du plus fort» et «la loi du Far West».
Friedrich Merz, le chef de file de l’opposition conservatrice allemande et favori des législatives de dimanche, a quant à lui estimé que l’Europe devait être «assise à la table principale» et «défendre» ses intérêts vis-à-vis de la Russie et de la Chine, «y compris si nécessaire en s’opposant aux États-Unis».
L’Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution à l’ONU qui insiste sur la nécessité de «redoubler» d’efforts diplomatiques pour que le conflit se termine «cette année» et réitère les précédentes demandes de l’Assemblée générale d’un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes.