Trump et le réparateur de TV


Richard Martineau
Vous savez pourquoi autant d’Américains ont réélu Trump?
Parce qu’il leur disait ce qu’ils voulaient entendre.
«Je vais vous ramener à l’époque où l’Amérique était riche, puissante, glorieuse», et patati et patata.
C’est ce que Poutine a dit aux Russes.
«Je vais ressusciter la Grande Russie!»
On va mettre la main sur le Canada et le Groenland! (Trump)
On va mettre la main sur l’Ukraine! (Poutine)
Ou, dans le cas de la Chine: on va mettre la main sur Taïwan!
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Magic Alex
Voilà pourquoi les médias sociaux et leurs «chambres d’écho» sont si populaires.
Les humains aiment les gens qui leur disent ce qu’ils veulent entendre.
Ça les réconforte.
Le meilleur exemple de ça, c’est Yannis Alexis Mardas.
Vous ne le connaissez pas?
Normal. Il n’est connu que de quelques aficionados.
L’histoire de cet homme né en Grèce en 1942 est CA-PO-TÉE et mériterait un documentaire.
Ce gars, qui à l’origine gagnait sa vie comme réparateur de télés, a mis les Beatles dans sa petite poche d’en arrière.

Lennon et McCartney buvaient littéralement ses paroles.
Pourquoi?
Parce que Mardas, que les Beatles surnommaient affectueusement «Magic Alex», leur disait ce qu’ils voulaient entendre.
Il les faisait rêver.
En leur racontant n’importe quelle sottise.
Des théories qui ne tenaient pas debout deux secondes.
Un patenteux
Mardas, qui est arrivé en Angleterre en 1965 à l’âge de 23 ans, bidouillait des appareils électroniques.
À son arrivée à Londres (sur un visa d’étudiant), il s’est lié d’amitié avec le propriétaire d’une galerie d’art.
Grâce à cette relation, il a pu «exposer» une «sculpture cinétique» – en fait, une boîte noire avec des lumières qui s’allumaient et s’éteignaient.
Or, qui a visité la galerie? Et qui a capoté sur ladite boîte?
John Lennon.
Il a acheté «l’œuvre d’art» et la fixait pendant ses trips de LSD.
Ça n’en prenait pas plus pour que ce charlatan fort en gueule se retrouve propulsé dans l’entourage des Beatles.
Il s’est mis à leur faire toutes sortes de promesses débiles.
«Je vais vous fabriquer un papier peint spécial qui fonctionnera comme haut-parleur. Vous le collerez sur les murs de votre chambre et il va diffuser de la musique!»
«Je vais créer un champ magnétique multicolore autour de la batterie de Ringo!»
«Je vais inventer une peinture spéciale qui vous permettra de changer la couleur de votre auto en touchant un bouton!»
Il leur a même dit qu’il leur construirait une soucoupe volante.
Pas de farce. Une soucoupe volante!
Les Beatles tripaient.
Et lorsqu’ils ont fondé leur compagnie Apple, ils lui ont construit un laboratoire et l’ont nommé président du département électronique!
À l’époque, les studios d’enregistrement fonctionnaient avec une console à quatre pistes. Huit maximum.
Or, Mardas leur a dit qu’il allait leur construire un studio high-tech avec une console à 72 pistes!
Il a demandé aux Beatles d’investir des millions de dollars dans son projet.
Quand les musiciens sont entrés dans le studio, c’était tout croche. Rien ne fonctionnait.
Le studio a finalement été démoli et Mardas, renvoyé.
Lucy in the Sky
La politique, c’est ça.
Dire aux gens ce qu’ils veulent entendre.
Les faire rêver.
Les faire triper.