Trump et la nouvelle Inquisition


Loïc Tassé
Aux États-Unis, au nom de la liberté religieuse, il sera désormais de plus en plus difficile, voire impossible, de critiquer les religions.
La place de la religion dans la société et dans les institutions s’accentue. Au point où il est possible de parler d’un risque d’Inquisition.
Ces derniers jours, deux nouveaux décrets signés par Donald Trump ont rapproché de manière significative les États-Unis d’une théocratie, un projet caressé par des fondamentalistes religieux de tout acabit.
Le premier décret, La journée internationale de prière, incite les Étatsuniens à une journée de prière tous les 1er mai, «dans les maisons de culte, les communautés et les lieux de travail, dans les écoles et les maisons». Le texte établit explicitement la nécessité de «la foi, la prière et la dévotion à Dieu». Il rend Dieu responsable de la puissance des États-Unis.
Ce décret pourrait servir de base pour criminaliser la critique des religions.
Sous un titre trompeur, le second décret, L’établissement d’une commission des libertés religieuses, établit les assises de ce qui pourrait devenir une nouvelle Inquisition. La commission qu’il crée devra soumettre un rapport sur ce que l’administration Trump considère comme des attaques à la religion et sur les stratégies à déployer pour la défendre. Le supposé droit de refuser la vaccination, interdire l’enseignement de l’évolution, censurer des livres ou imposer des moments prières dans les écoles font partie de son mandat.
Ce second décret ouvre la porte à la supplantation des lois par des décrets religieux.
Rappelons que le vice-président américain JD Vance appartient à une secte fondamentaliste chrétienne qui prône la fusion des pouvoirs étatiques et religieux, comme au moyen-âge.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Rapport trouble
Les citoyens américains entretiennent un rapport trouble avec la religion. D’un côté les colons du Mayflower fuyaient les persécutions religieuses, mais d’un autre, certains pères fondateurs de la Constitution américaine étaient athées.
Ces dernières décennies, la proportion d’athées et d’agnostiques aux États-Unis a augmenté jusqu’à représenter environ le tiers de la population. Mais à peu près aucun élu ne revendique son appartenance aux électeurs dits «sans religion».
Inversement, près de 30% de la population américaine s’identifie aux églises évangéliques, un mouvement religieux fondamentaliste dont les adeptes votent à 80% pour Donald Trump.
En religion comme dans d’autres domaines, la société américaine se polarise.
Contrôle de la Maison-Blanche
En février, Trump a nommé Paula White, une télévangéliste, à la tête d’un Bureau de la foi, une entité chargée d’insérer les questions religieuses dans toutes les activités de la Maison-Blanche.
Trump a aussi mis sur pied une force de frappe chargée de lutter contre les supposés biais antireligieux. Cette force est principalement composée de nationalistes chrétiens, de conservateurs et d’oligarques qui contrôlent déjà le Parti républicain.
Comme l’a montré Benito Mussolini, le fascisme et la religion ne sont pas incompatibles, l’un pouvant servir à légitimer l’autre.