Trump en quête de victoires internationales rapides


Loïc Tassé
Donald Trump a besoin de victoires rapides parce que son électorat est en chute libre. Un succès dans les négociations avec la Chine, l’Iran et la Russie pourrait l’aider dans cette voie.
Imaginez les vantardises qu’il brocarderait partout. Imaginez la nouvelle légitimité qu’il trouverait pour poursuivre son saccage de l’appareil d’État, de l’environnement et de la santé. Voilà qui soutiendrait puissamment les républicains jusqu’aux prochaines élections de mi-mandat.
Victoires difficiles
De véritables victoires dans les négociations seront difficiles.
Tout le monde a compris qu’une capitulation de l’Ukraine constituerait une défaite pour les démocraties. Les républicains ne tireraient aucun bénéfice réel d’une telle paix.
De même, un retour de l’Iran aux accords de 2015 serait problématique et même dangereux puisque l’effort d’armement nucléaire du régime ne s’en trouverait que ralenti. Israël n’en voudrait probablement pas.
Quant aux tarifs entre la Chine et les États-Unis, ils ne représentent que la pointe de l’iceberg. Le véritable problème pour les produits américains est que la Chine n’est pas une économie de marché. Le gouvernement chinois peut stopper quand il veut l’entrée de marchandises américaines sur son territoire par des moyens non tarifaires, avec par exemple de simples mots d’ordre du Parti communiste chinois.
Réussites possibles
Mais les négociations pourraient réussir.
Si la Russie se retirait d’une bonne partie des territoires ukrainiens et que l’Ukraine recevait des garanties militaires concrètes pour contrer une nouvelle invasion russe. Les autres pays européens et les États-Unis pourraient ainsi commencer à retisser leurs liens avec la Russie.
Si l’Iran acceptait une surveillance réelle de ses installations nucléaires, son pétrole et son gaz deviendraient accessibles. L’économie de l’Iran s’en porterait beaucoup mieux.
Si la Chine laissait tomber la protection artificielle de son marché et ses politiques de dumping, son commerce avec les États-Unis s’en trouverait assaini.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Obstacle commun
Cependant, les négociations se heurtent dans ces trois cas à un obstacle commun: la survie des dirigeants au pouvoir.
Il est clair que ne pas occuper toute l’Ukraine constituerait une défaite pour Vladimir Poutine. Un retrait partiel encore plus. Le dictateur pourrait-il demeurer au pouvoir dans de telles circonstances?
Il est aussi évident que le régime iranien est détesté par la vaste majorité de sa population. Un recul sur l’armement nucléaire pourrait le priver du soutien d’une partie de l’armée iranienne, ce qui déstabiliserait encore davantage le régime.
Enfin, Xi Jinping, qui a usurpé un troisième mandat, et dont les politiques économiques sont très critiquées, ferait face à de fortes contestations internes si le marché chinois s’ouvrait réellement aux produits américains. Cela risquerait de provoquer initialement un ralentissement du commerce chinois.
Mais Trump est pressé. Il est à parier qu’il recherche d’abord et avant tout des ententes superficielles qui lui permettront de sauver la face, au moins jusqu’aux élections de mi-mandat.