Trump divague et inquiète, mais les démocrates ne rassurent personne


Richard Latendresse
Une tempête n’attend pas l’autre à Washington. Donald Trump en est généralement le grand orchestrateur. Cette fois, son prédécesseur à la Maison-Blanche s’en mêle. Joe Biden était apparemment encore plus mal en point que ce que nous constations nous-mêmes.
Les républicains, à genoux devant le président Trump, ne sont pas seuls à vivre dans l’hypocrisie et la mystification. Deux collègues – Jake Tapper de CNN et Alex Thompson du média en ligne Axios – vont publier la semaine prochaine un livre ravageur sur l’état de santé physique et mental de l’ex-président démocrate au temps même où il occupait la Maison-Blanche.
L’aveuglement volontaire des républicains devant les errements de leur président laisse perplexe. Leur façon de dénigrer le journaliste le moindrement inquisiteur dégouline de malhonnêteté. A posteriori, les démocrates, qui s’offusquent bruyamment aujourd’hui du comportement de leurs rivaux, ne faisaient pas mieux avec leur propre président.
UN PRÉSIDENT SUPPOSÉMENT INÉPUISABLE
J’ai un souvenir clair des répliques scandalisées à la Maison-Blanche lorsqu’une question était posée sur la vigueur de Joe Biden: «How dare you ?» (Comment pouvez-vous oser?). À la lumière des extraits qui circulent du livre de Tapper et Thompson – «Le péché originel: le déclin du président Biden, sa dissimulation et son choix désastreux de se représenter» – il est difficile aujourd’hui pour les démocrates de s’installer sur un piédestal vertueux pour dénoncer Donald Trump.
Loin d’être énergique comme on nous le vantait, son entourage craignait à tout moment que Biden ne perde pied et ne tombe. Il ne reconnaissait pas, de plus en plus souvent, des gens – tel l’acteur George Clooney – qu’il avait pourtant rencontrés auparavant. Une des citations les plus troublantes du livre provient d’un assistant de l’ex-président démocrate resté anonyme: «Nous avons essayé de le protéger de son propre personnel, de sorte que bien des gens n’ont pas réalisé l’ampleur du déclin à partir de 2023».
UN FOUILLIS TOUJOURS INEXPLOITÉ
Donald Trump est une menace d’un autre genre, mais pour l’instant, c’est une menace au grand jour. Il dit et fait tout à découvert; on l’entend réfléchir à haute voix. Je suis persuadé qu’autour de lui, on souhaiterait qu’il en dise beaucoup moins et moins souvent.
Il accumule les faux pas, les erreurs de calcul, les décisions scandaleuses, les propos grossiers et, entre-temps, les alliés traditionnels des États-Unis prennent leurs distances, les économistes persistent à entrevoir une récession à l’horizon et les Américains, en majorité, sont à bout de nerfs après avoir vu leurs REER – leurs 401(k) ici – aller en yo-yo, d’une retraite tranquille à des années encore à s’accrocher au travail.
En d’autres mots, le président Trump et son administration ont plongé les États-Unis dans un fouillis pas possible. Et pourtant, qui n’en profite pas? Leurs adversaires démocrates. Face au chaos de Trump, les Américains ne fuient pas à l’autre extrême. Dans un récent sondage de CNN, on indiquait que 45% des électeurs jugeaient que l’actuel président, en dépit de tout, faisait un meilleur boulot que Kamala Harris aurait pu le faire. Seulement 43% des personnes sondées estimaient qu’elle aurait fait mieux.
D’autres études montrent qu’aussi déçus puissent être un bon nombre d’électeurs des cent premiers jours de la présidence Trump, ils ne se précipitent pas pour autant dans les bras des démocrates. De toute évidence, le parti, son image, son programme, ainsi que ceux et celles qui le représentent se trouvent en aussi mauvais état que leur dernier président. Qu’ils n’essaient pas même de prétendre le contraire, nous avons eu notre leçon.