Pour Zelensky, une paix durable en Ukraine est «tout à fait réalisable»
AFP
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé mercredi qu'une paix durable était «tout à fait réalisable» si l'Europe œuvrait ensemble avec les États-Unis, qui ont de leur côté annoncé avoir suspendu le partage de renseignements avec Kiev.
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M. Zelensky s'efforce de contenir les retombées de sa réunion houleuse de vendredi à la Maison-Blanche, au cours de laquelle il a été accusé par son homologue Donald Trump et le vice-président JD Vance de ne pas être disposé à négocier.
Le chef de l'État ukrainien demande de solides garanties de sécurité de la part de ses alliés occidentaux dans le cadre de potentiels pourparlers afin de s'assurer que l'armée russe n'envahisse pas à nouveau son pays.
Dans ce contexte, Washington, qui s'est fortement rapproché du Kremlin depuis une conversation téléphonique entre M. Trump et Vladimir Poutine le 12 février, a gelé lundi son aide militaire, pourtant vitale, à l'Ukraine.
Ce gel concerne aussi le partage de renseignements, très utiles aux soldats ukrainiens sur le champ de bataille, a fait savoir mercredi le chef de la CIA John Ratcliffe.
«Nous avons reculé et nous suspendons et passons en revue tous les aspects» des relations avec l'Ukraine, a quant à lui déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Mike Waltz.
Volodymyr Zelensky, cible de critiques de l'administration américaine, essaye malgré tout de renouer le dialogue.
«Nous voulons tous un avenir sûr pour notre peuple. Pas un cessez-le-feu provisoire, mais la fin de la guerre une fois pour toutes. Avec nos efforts coordonnés et le leadership des États-Unis, c'est tout à fait réalisable», a-t-il écrit mercredi sur les réseaux sociaux.
Ce message faisait suite à un entretien téléphonique avec le chancelier allemand Olaf Scholz, qui, selon Berlin, a salué la volonté de M. Zelensky d'entamer des négociations le plus tôt possible.
«Positif», dit le Kremlin
Mardi, le président ukrainien a proposé une trêve avec la Russie dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une «paix durable» sous «le leadership» de Donald Trump.
Il s'est aussi dit disposé à signer un accord-cadre sur l'exploitation des ressources naturelles en Ukraine avec les États-Unis, ce que le président américain réclame.
Ce dernier a pour sa part semblé rouvrir la porte au dialogue le même jour dans un discours devant le Congrès, se satisfaisant d'avoir reçu l'assurance de Volodymyr Zelensky qu'il était prêt à discuter d'une «paix durable» avec la Russie.
«Cette approche est globalement positive, mais il y a des nuances», a réagi mercredi le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, interrogé sur ces propos de Donald Trump.
«La question est la suivante : avec qui s'asseoir» à la table des négociations, a-t-il commenté. «Pour l'instant, l'interdiction légale faite au président ukrainien de négocier avec la Russie reste en vigueur», a ajouté M. Peskov.
Volodymyr Zelensky avait interdit par décret en octobre 2022 tout pourparler direct avec Vladimir Poutine, une décision que Moscou utilise régulièrement pour accuser l'Ukraine de ne pas vouloir la paix.
Le président ukrainien a néanmoins affirmé être prêt à rencontrer son homologue russe, qui répète lui aussi régulièrement être prêt à négocier, sous conditions.
La Russie réclame ainsi la «démilitarisation» de l'Ukraine et qu'elle lui cède les territoires dont elle a revendiqué l'annexion. Ce que Kiev juge inacceptable.
Difficultés ukrainiennes sur le front
Face au désengagement américain, les Européens tentent de réagir. L'Ukraine a déclaré mardi «discuter» avec eux pour remplacer l'aide américaine, tandis que l'UE a dévoilé un plan «pour réarmer l'Europe» qui va permettre de lui fournir une aide militaire «immédiate».
La présidence française a toutefois souligné mercredi qu'aucun nouveau déplacement d'Emmanuel Macron à Washington n'était «envisagé à ce stade», démentant des propos de la porte-parole du gouvernement qui avait dit qu'une telle visite en compagnie de M. Zelensky et du premier ministre britannique Keir Starmer était «envisagée».
Malgré l'importante activité diplomatique autour de potentielles négociations, rien ne s'est concrétisé pour l'heure.
Le virage pris par le président américain se produit à l'heure où l'Ukraine est en difficulté sur le front. Mercredi, le ministère russe de la Défense a encore annoncé la prise d'un village de l'est de l'Ukraine, Pryvilné.