Trump s’attaque au ministère de l’Éducation

AFP
Donald Trump qui n’a jamais fait mystère de sa volonté de supprimer le ministère de l’Éducation prépare son démantèlement, selon plusieurs médias américains qui soulignent toutefois qu’une suppression définitive de ce ministère relève de la compétence du Congrès.
Cette décision s’inscrit dans le contexte plus large des «guerres culturelles» menées par les conservateurs américains qui accusent les écoles publiques de promouvoir des idées progressistes.
La porte-parole du président américain, Karoline Leavitt, a assuré dans le réseau social X que Donald Trump ne signerait pas de décret en ce sens jeudi, mais sans complètement démentir les informations rapportées à ce sujet par plusieurs médias américains.
Ces derniers, Wall Street Journal en tête, ont obtenu un brouillon de décret chargeant la nouvelle ministre de l’Éducation et ex-patronne de la principale entreprise de catch aux États-Unis, Linda McMahon, de démanteler son propre ministère.
Ces médias avaient indiqué que la signature pourrait intervenir dès jeudi, ce que la Maison-Blanche a démenti.
Selon le projet de texte, Linda McMahon serait chargée de «prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter la fermeture du ministère de l’Éducation» dans «la limite de ce qui est approprié et permis par la loi».
Donald Trump avait promis lors de sa campagne présidentielle qu’il se débarrasserait de ce ministère pour transférer ses attributions aux États américains, lesquels ont déjà l’essentiel des compétences en la matière.
Il avait d’ailleurs nommé Linda McMahon avec la mission de «se mettre elle-même au chômage».
La droite dure américaine accuse les écoles publiques d’endoctriner les enfants en diffusant des idées «wokes».
Ce terme péjoratif fourre-tout est employé par les conservateurs pour dénoncer aussi bien des politiques de promotion de la diversité que des courants de la recherche universitaire portant sur le genre ou les discriminations raciales.
Bataille idéologique
Dans certains États conservateurs, des contenus pédagogiques ayant trait à l’esclavage ont été modifiés et des romans traitant de sexualité ou de racisme ont été retirés des bibliothèques scolaires.
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a déjà multiplié les mesures supprimant le financement fédéral aux écoles, collèges, lycées et universités.
Il s’est aussi emparé d’un rapport publié fin janvier sur le niveau des élèves américains, montrant que leurs performances scolaires n’étaient pas revenues aux niveaux pré-COVID-19 et continuaient de se dégrader, particulièrement en lecture.
Certains experts ont mis en cause l’exposition toujours plus précoce et prolongée des enfants aux écrans.
Mais selon le président américain, ces mauvais résultats prouveraient que le financement fédéral est inutile.
Il a aussi, depuis la publication de ce rapport intitulé The Nation's Record Card («Le bulletin scolaire de la Nation»), suspendu la haute fonctionnaire qui supervise cette vaste étude.
Créé en 1979 sous la présidence de Jimmy Carter, le ministère de l’Éducation ne peut pas être complètement démantelé sans l’adoption d’une loi nécessitant 60 votes au Sénat, où les républicains ne disposent actuellement que de 53 sièges.
L’État fédéral joue un rôle limité dans le financement et l’organisation de l’éducation aux États-Unis.
Selon le syndicat NEA, environ 13% du financement des écoles primaires et secondaires provient des coffres fédéraux, le reste étant financé par les États et les communautés locales.
Or, les subventions fédérales sont inestimables pour les écoles situées dans des zones défavorisées sur le plan économique et social, ainsi que pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage.
La suppression potentielle du ministère de l’Éducation suscite la colère d’élus démocrates, de syndicats d’enseignants ainsi que de nombreux parents qui y voient une attaque inédite contre l’enseignement public, doublée d’une entreprise de promotion des idées conservatrices.