Trump plaide non coupable devant un juge à 34 chefs d'accusation
La comparution de l’ex-président a provoqué une véritable frénésie

Olivier Faucher
Dans un moment historique et « surréaliste », l’ex-président américain Donald Trump a dû s’asseoir mardi au banc des accusés d’un tribunal de New York, l’air renfrogné, pour plaider non coupable aux 34 chefs d’accusations criminelles qui pèsent contre lui.
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L’ex-locataire de la Maison-Blanche, qui la brigue de nouveau en vue de la présidentielle de 2024, a quitté la Trump Tower peu après 13 h dans un convoi sous très haute sécurité pour se rendre au bureau du procureur de Manhattan.
« Je me dirige vers [...] le tribunal. Ça semble si SURRÉALISTE – WOW, ils vont M’ARRÊTER. Je n’arrive pas à croire que ça se passe en Amérique », a-t-il alors écrit sur sa plateforme web Truth Social.

Sans être menotté, il est sorti d’un des véhicules avec un air bête et a salué de la main les nombreux membres des médias et ses quelques partisans et opposants qui s’étaient agglutinés devant l’édifice du tribunal.
« Falsifications de documents »
Le républicain est ainsi devenu le premier président des États-Unis à être inculpé dans l’histoire du pays. Il est accusé d’avoir « orchestré » une série de paiements pour étouffer trois affaires embarrassantes avant l’élection de 2016, dont un paiement pour acheter le silence de l’actrice porno Stormy Daniels, avec qui il a eu une aventure extraconjugale.
Dans la salle d’audience où il a été photographié, il a plaidé non coupable à 34 chefs d’accusation identiques de « falsifications de documents comptables ».
Trump a aussi dû se soumettre au rituel imposé à tout prévenu : décliner son nom, son âge et sa profession en plus d’effectuer un relevé d’empreintes digitales.
En revanche, il a vraisemblablement échappé à la fameuse « mugshot » – la prise de la photo d’identité judiciaire.

Il a passé environ deux heures dans le palais de justice de Manhattan.
« Donald Trump n’a cessé de mentir », a critiqué le procureur de New York Alvin Bragg, dénonçant la « conduite délictuelle grave » du milliardaire new-yorkais lors d’une conférence de presse tenue dans l’heure suivant l’audience.
« La loi est la même pour tous », a-t-il insisté.
La police était prête au pire
Devant le palais de justice, des poignées de militants pour et contre Trump, parfois hauts en couleur, ont été séparées dès les premières invectives.
Les autorités étaient soucieuses que cette situation tendue ne dégénère pas, craignant un scénario comme celui de l’émeute du Capitole. La police de New York s’était d’ailleurs préparée à toute éventualité en ordonnant à tous ses 35 000 agents d’être en uniforme mardi.
Le milliardaire soutient qu’il est victime d’une « chasse aux sorcières » orchestrée par les démocrates du président Joe Biden.
S’il est reconnu coupable, Donald Trump risque jusqu’à quatre ans de prison.

Les hostilités du procès sont lancées

Les avocats ont lancé mardi les premières salves du procès de Donald Trump, qui devrait se tenir au début de l’année 2024.
« Cet acte d’accusation montre que la règle de droit est morte dans ce pays, a fustigé Joe Tacopina, l’un des avocats de Donald Trump, devant une horde de journalistes, mardi, après la comparution de l’ex-président.
« Personne n’est au-dessus des lois, mais personne n’est en dessous non plus. Si le nom de cet homme n’était pas Donald Trump, il n’y a aucun scénario dans lequel nous serions ici aujourd’hui », a ajouté M. Tacopina.
Todd Blanche, un autre avocat de la défense de Trump, a fait savoir que le milliardaire new-yorkais était « frustré » et « contrarié » d’être inculpé.
« Laissez-moi vous dire qu’il est motivé et que ça ne l’arrêtera pas », a-t-il précisé.
Un crime pour tous
Procureur de Manhattan
Dans un point de presse, le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, a vigoureusement défendu les accusations qu’il a décidé de porter à l’endroit de Trump.
« En vertu de la loi dans l’État de New York, c’est un crime de falsifier des documents comptables avec l’intention de frauder et de dissimuler un autre crime. C’est exactement ce dont il est question dans cette affaire », a-t-il déclaré.
Dans cette affaire, « l’autre crime » serait d’avoir versé des pots-de-vin pour acheter le silence de gens susceptibles de dévoiler de l’information compromettante pendant la campagne présidentielle de 2016.
« Ce sont des crimes dans l’État de New York, peu importe qui vous êtes. Nous ne pouvons pas et n’allons pas normaliser un comportement criminel », a ajouté le procureur.
La prochaine audience de Donald Trump aura lieu le 4 décembre et son procès pourrait avoir lieu en janvier 2024, selon le juge chargé du dossier.
Son équipe va toutefois tout tenter pour éviter ce scénario, qui se produirait à quelques mois de l’élection présidentielle de 2024 dans laquelle il a l’intention d’être le candidat républicain.
– Avec l’AFP
Trois affaires que le milliardaire a voulu étouffer
Les 34 accusations déposées mardi contre Donald Trump touchent à trois affaires différentes susceptibles de miner sa candidature à la Maison-Blanche de 2016 que le milliardaire a voulu étouffer en orchestrant une série de paiements, a révélé mardi le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg.
- Un montant de 30 000 $ a été donné à un portier de la Trump Tower qui prétendait avoir des informations sur un enfant caché que Trump aurait conçu hors mariage.
- Une somme de 150 000 $ a été payée à une femme qui disait être une ex-maîtresse de Donald Trump pour que celle-ci ne révèle rien au grand jour.
- Une actrice pornographique, vraisemblablement Stormy Daniels, a pu toucher 130 000 $ pour ne pas dévoiler sa relation extraconjugale avec Trump.
Donald J. Trump Indictment by Stefan Becket
Une guerre sur les réseaux sociaux
Le juge devant qui Donald Trump a été accusé au criminel a mis en garde l’ex-président contre le ton qu’il a utilisé sur les réseaux sociaux.
Le magistrat a averti le camp Trump de « ne pas envoyer quelconque message qui inciterait à la violence ou qui menacerait quelconque responsable », a rapporté le réseau CNN, qui a pu assister à l’audience mardi.
Les procureurs ont soutenu quant à eux que Trump menaçait la Ville de New York, le système judiciaire, le tribunal et le bureau du procureur avec des publications « irresponsables » sur les médias sociaux.
Ils ont cité l’exemple d’une publication partagée par Trump où on voit une photo de l’ex-président avec un bâton de baseball à côté d’une autre photo du procureur de Manhattan, Alvin Bragg.
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