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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Trump défend l'accueil d'Afrikaners, l'Afrique du Sud dément toute «persécution»

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2025-05-12T17:51:19Z
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Le président américain Donald Trump a justifié lundi sa décision d’accueillir en tant que réfugiés une cinquantaine d’Afrikaners par la « situation terrible » de ces descendants des premiers colons européens en Afrique du Sud, une initiative vigoureusement contestée par Pretoria. 

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Un groupe de 49 Afrikaners, issus de la minorité blanche d’Afrique du Sud, doit atterrir aux États-Unis après un décret de Donald Trump qui les prétend spoliés de leur terre.

Getty Images via AFP
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Cet accueil tranche avec le raidissement de la politique d’immigration depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, non seulement d’expulsion massive des immigrés clandestins, mais aussi de restriction quasi totale de toute arrivée de demandeurs d’asile.

« C’est un génocide », a réaffirmé le président américain à la Maison-Blanche lundi. « Des agriculteurs se font tuer. Il se trouve qu’ils sont blancs, mais qu’ils soient blancs ou noirs ne fait aucune différence pour moi », a-t-il assuré.

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« La situation en Afrique du Sud est terrible », a insisté Donald Trump. « Nous avons donc proposé la nationalité (américaine) à ces gens pour leur permettre d’échapper à cette violence et de venir ici », a-t-il précisé.

« Groupe marginal »

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est inscrit lundi en faux contre cette présentation des 49 Afrikaners.

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« Un réfugié est quelqu’un qui doit quitter son pays par peur de persécution politique, religieuse ou économique. Ils ne correspondent pas à cette définition », a-t-il déclaré lors d’un forum économique africain à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

« C’est un groupe marginal qui n’a pas beaucoup de soutien, qui est contre la transformation et le changement. Et qui préférerait voir l’Afrique du Sud revenir à des politiques d’apartheid », a-t-il accusé.

Les Afrikaners constituent la majorité de la population blanche du pays. C’est de cette frange de la population que sont issus les dirigeants politiques qui ont institué l’apartheid, système de ségrégation raciale ayant privé la population noire — très majoritaire — de la plupart de ses droits de 1948 jusqu’au début des années 1990.

L’administration républicaine cible particulièrement depuis des mois l’Afrique du Sud, dont est originaire Elon Musk, membre du premier cercle de Donald Trump.

Parmi les principaux griefs, cités nommément par le président américain dans son décret coupant toute aide à Pretoria, figure aussi la plainte pour « génocide » visant Israël pour sa guerre menée à Gaza, que l’Afrique du Sud a déposée devant la Cour internationale de justice (CIJ).

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« Crainte de persécution »

L’ambassade américaine à Pretoria a publié lundi ses critères concernant la procédure de demande d’asile: les candidats doivent « être en mesure de faire état d’une expérience passée de persécution ou d’une crainte de persécution future ».

Le groupe identitaire afrikaner, AfriForum, avait recensé 49 meurtres d’agriculteurs en 2023 et 50 l’année précédente. Des statistiques à comparer avec les 75 meurtres enregistrés par jour en moyenne en Afrique du Sud, qui affiche l’un des taux d’homicide les plus élevés de la planète.

« Les blancs sont victimes de crimes, comme tout le monde en Afrique du Sud, mais y a-t-il des blancs spécifiquement visés? Absolument aucun », balaie auprès de l’AFP Loren Landau, à la tête de l’observatoire des violences xénophobes Xenowatch.

« À l’inverse, les étrangers sont pris pour cible par des personnes qui leur font clairement comprendre qu’elles veulent que les Somaliens, les Pakistanais ou les Zimbabwéens quittent le pays », rappelle ce spécialiste des migrations à l’université du Witswatersrand.

La minorité blanche représente un peu plus de 7 % de la population, mais possédait 72 % des terres agricoles en 2017, selon des statistiques gouvernementales — l’héritage d’une politique d’expropriation de la population noire pendant la colonisation puis l’apartheid, que des lois votées depuis 1994 visent à réviser.

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