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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le Hart ou le Gretzky? Il est plus que temps de mettre à jour les noms des trophées dans la LNH

Photo d'archives, Agence QMI
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Photo portrait de Michel Beaudry

Michel Beaudry

2025-06-08T04:00:00Z
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Se peut-il que, dans cette ligue, trop souvent traitée de broche à foin, on ne compte aucun trophée portant le nom de Wayne Gretzky? La Merveille a pourtant tellement dominé à tous les niveaux. Jamais on n’a vu un athlète surpasser autant son sport. Un véritable et irréfutable phénomène. Voyons donc!

Passer à côté d’évidences aussi criantes, ça ne se peut tout simplement pas, Gary. Pourquoi pas une petite et judicieuse mise à jour?

Ce serait un beau legs, Monsieur Bettman, avant de partir.

LE ART-ROSS OU LE WAYNE?

Dans les annales, le trophée décerné au joueur qui a accumulé le plus de points dans une campagne est le Art Ross. Wayne Gretzky a gagné ce trophée 10 fois. Savez-vous combien de points Art Ross a accumulés dans toute sa carrière dans la NHL? Combien? Un grand et incroyable total de 1. Oui, un seul petit point. Il a coaché les Bruins de Boston durant 16 ans et il a gagné la Coupe Stanley deux fois. Désolé, Art, mais je cherche encore et toujours la relation entre vous et le trophée.

LE HART OU LE GRETZKY?

Bon, je me calme. Admettons qu’on oublie le trophée Art-Ross. Il faut alors absolument se tourner du côté du trophée Hart, décerné chaque saison au joueur le plus utile à son équipe. Wayne l’a gagné rien de moins que neuf fois. Et qui était Hart? C’est le donateur. David, le père de Cecil Hart, qui a dirigé le Canadien pendant quatre ans et demi dans les années 20 et 30. Cecil fiston a son trophée décerné au meilleur joueur du circuit dans une saison, mais Cecil, lui, n’a jamais disputé un seul match dans la LNH. Trouvez l’erreur!

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LE HENRI-RICHARD?

Incompréhensible et inconcevable que le fameux trophée Conn-Smythe, que l’on décerne au meilleur joueur des séries, ne porte pas le nom d’Henri Richard, l’homme détenant le record du nombre de coupes Stanley gagnées, soit 11, rien de moins. Vous pouvez parier que jamais cet incroyable fait d’armes ne sera égalé ou dépassé. Et toutes ces conquêtes ont été réalisées avec la même équipe.

J’admets que Conn Smythe (que tout le monde rebaptise «Conny» Smythe) a beaucoup fait dans le circuit comme dirigeant avec les Rangers et Toronto, là où il a changé le nom des Pats pour celui des Maple Leafs en 1927. Il a même été propriétaire de l’équipe pendant 34 saisons. Un grand homme, certes, mais monsieur Smythe n’a jamais disputé une seule rencontre dans le grand circuit et encore moins en séries éliminatoires.  Pourquoi alors ce trophée porte-t-il son nom encore aujourd’hui?

LE NORRIS OU LE BOBBY-ORR?

Dans la même foulée, peut-on comprendre que le défenseur le plus formidable de l’histoire de cette ligue, Bobby Orr, n’a toujours pas son trophée? Ceux qui l’ont vu jouer et ceux qui l’ont affronté ou côtoyé comme coéquipiers sont unanimes. Il a été le meilleur de sa profession d’arrière d’une équipe de la NHL, toutes époques confondues. Le fameux trophée remis au meilleur défenseur, Orr l’a gagné huit fois, un athlète extraordinaire, exceptionnel.  Ce trophée porte le nom de James Norris. Natif de Montréal et propriétaire des Red Wings de Detroit pendant une cinquantaine d’années. Une équipe qui s’appelait les Falcons quand il s’en est porté acquéreur en 1933. Monsieur Norris a beaucoup fait pour son club, qu’il a d’ailleurs légué à sa fille Marguerite en 1952, mais non seulement il n’a jamais été défenseur, mais il n’a aussi jamais joué un seul match dans le circuit.

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LE CALDER OU LE SELANNE?

En hommage à Frank Calder, on remet un trophée à son nom au meilleur joueur recrue de la NHL. Calder, ex-administrateur dans le domaine du rugby et du football, fut le premier président de la LNH, en 1917. Né en Angleterre, il n’a jamais joué au hockey dans la LNH. Logiquement, ce trophée doit obligatoirement porter le nom de Teemu Selanne, qui, lors de sa toute première saison dans la LNH, inscrit 76 buts et 132 points, détenant ainsi le record du plus grand nombre de buts et points pour une recrue, une marque qui ne sera sûrement jamais battue.

LE JACK-ADAMS OU LE SCOTTY-BOWMAN?

Que dire du trophée Jack-Adams, remis au meilleur instructeur de la saison?  Adams a joué dans le circuit à Toronto et Ottawa sans rien casser. À souligner toutefois, il a été instructeur des Red Wings de Detroit pendant 20 ans et il a gagné trois Coupes Stanley. Mais, par ailleurs, que dire de Toe Blake, qui a été derrière le banc du Canadien pendant 13 ans, conduisant ses équipes huit fois à la conquête de la Coupe Stanley. En plus, ses équipes ont gagné le championnat de la saison régulière à neuf occasions. Des chiffres qui ne seront sûrement jamais égalés.

Vous voulez y aller avec des données impressionnantes, mais plus récentes? Scotty Bowman sera-t-il un jour égalé? Comme instructeur, il a gagné neuf Coupes Stalney avec trois équipes différentes. Cinq à Montréal, une à Pittsburgh et trois autres à Detroit. Quel coach! Pas de trophée.

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LE JENNINGS OU LE ROY-BRODEUR?

On peut sourire aussi en voyant l’attribution du trophée Jennings, remis au gardien de but ayant accordé le moins de buts en saison. William Jennings, un homme d’affaire et ancien propriétaire des Rangers de New York, n’a probablement jamais enfilé une paire de jambières de sa vie.

Fait inusité dans la vie de Jennings alors qu’en 1968, il participe et influence énormément pour la création du trophée Lester-Patrick, remis à un individu ou à un groupe pour services rendus aux États-Unis. En 1971, Jennings gagnera lui-même ce trophée. On n’est jamais si bien servi...

Patrick Roy et Martin Brodeur ont gagné le Jennings cinq fois chacun et n’ont assurément aucune idée de qui était Jennings. Faites votre choix.

LE JIM-GREGORY OU LE SAM-POLLOCK?

Allez donc savoir pourquoi le trophée Jim-Gregory est remis au meilleur directeur général de l’année. Jim Gregory a été à la tête des Leafs et il est celui qui est allé chercher Borje Salming en Suède. Je veux bien. Mais Sam Pollock a bâti des équipes qui ont gagné la Coupe Stanley neuf fois. Jim Gregory n’a pas de Coupe à son dossier de GM. À elle seule, la manœuvre de Pollock pour repêcher Guy Lafleur lui vaudrait le trophée.

Sonnez les matines...

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