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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Troubles d’apprentissage: un élève sur quatre mérite qu’on regarde au-delà de la moyenne

Photo fournie par INSTITUT DES TROUBLES D’APPRENTISSAGE
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Lyne Maurier, Directrice générale, Institut des troubles d’apprentissage

2025-10-03T16:44:06Z
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Madame la ministre LeBel, votre nomination récente à la tête du ministère de l’Éducation arrive à un moment charnière. Alors que le réseau d’éducation traverse une période d’instabilité budgétaire, nous devons collectivement nous assurer que les élèves qui vivent des difficultés à l’école ne soient pas oubliés.

En ce mois de la sensibilisation aux troubles d’apprentissage, il faut repenser la réussite scolaire. Trop souvent, un enfant est réduit à une note chiffrée ou à une moyenne. Or, derrière chaque résultat se trouvent des jeunes persévérants, porteurs d’un potentiel extraordinaire, qui méritent qu’on les accompagne dans la construction de leur propre chemin vers la réussite.

Au Québec, près d’un élève sur quatre vit avec des défis d’adaptation ou d’apprentissage. Ces jeunes ne sont pas des exceptions: ils représentent des milliers d’enfants dans nos classes, nos écoles, nos communautés, nos familles. Ils sont nos futurs collègues, innovateurs et leaders. Les élèves qui apprennent autrement développent des qualités essentielles pour le Québec de demain: la résilience, l’adaptabilité, la pensée créative, la persévérance.

Un défi de société qui concerne tout le monde

Or, notre système peine à les soutenir. Encore trop peu de moyens et de ressources sont offerts aux enseignants pour jongler avec des classes hétérogènes et plusieurs élèves en difficulté. Quand le soutien ne suit pas, faute de budget par exemple, ce sont ces jeunes qu’on perd en chemin: le taux de sorties sans diplôme ni qualification atteint 15% (Statistique Québec, cohorte 2022‐2023).

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Si un quart des élèves vit avec des défis d’adaptation ou d’apprentissage, on ne peut plus suivre une recette unique dans nos classes. Nous devons nous questionner: comment créer un environnement où chaque enfant peut révéler son plein potentiel?

Madame la Ministre, vous avez l’occasion de marquer l’histoire de l’éducation québécoise. Nous vous invitons à remettre la jeunesse au cœur des priorités du gouvernement, pas seulement d’en faire un slogan. Nous vous demandons donc:

● D’assurer un financement stable et prévisible pour les organismes en éducation, afin de planifier des interventions durables auprès des élèves HDAA;

● De faire de la réussite de TOUS les élèves une priorité tangible en permettant aux écoles d’offrir un niveau de service adéquat pour y parvenir;

● D’investir massivement dans le soutien spécialisé aux élèves pour permettre l’égalité des chances;

● De reconnaître que la pédagogie inclusive est essentielle à la réussite du plus grand nombre d’élèves, dans une vision actualisée du système d’éducation.

Virage nécessaire vers l’inclusion

Nous sommes bien conscients que les défis du réseau d’éducation ne se résoudront pas uniquement par des décisions ministérielles. Ils nécessitent une mobilisation collective: parents, enseignants, directions d’école, gouvernement, employeurs, organismes jeunesse, citoyens.

9 Québécois sur 10 estiment que la persévérance scolaire est une responsabilité collective (Léger/RQRE, 2024). Effectivement, l’éducation est une forme de contrat social, comme le rappelait récemment la Coalition des partenaires en éducation. Ce contrat doit inclure tous les élèves, sans exception. Il est temps de passer des paroles aux actes. Bâtir ensemble une école québécoise où chaque enfant peut tracer son chemin vers la réussite est un investissement dans l’avenir du Québec, dans la richesse de sa diversité, dans l’innovation qui naît de la différence.

Parce qu’au Québec, un élève sur quatre mérite qu’on regarde au-delà de la moyenne.

Lyne Maurier

Directrice générale

Institut des troubles d’apprentissage

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