«Trop tard» Powell: Trump exige que la Fed baisse ses taux après de mauvais chiffres sur l’emploi

AFP
Les entreprises privées aux États-Unis ont créé nettement moins d'emplois en mai que ce qu'anticipaient les marchés, selon des chiffres publiés mercredi qui ont fait sortir de ses gonds le président Donald Trump.
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Le mois dernier, 37 000 emplois ont été créés dans le secteur privé, contre 60 000 en avril (chiffre révisé légèrement à la baisse), d'après l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.
Les analystes s'attendaient au contraire à un rebond, avec autour de 110 000 créations d'emplois, selon le consensus publié par MarketWatch.
Il est précisé dans un communiqué que ce rythme de créations d'emplois est le plus faible depuis mars 2023, «après un fort démarrage» en début d'année.
Le président Donald Trump - qui a juré de rendre l'Amérique plus riche et prospère que jamais - a très vite réagi sur sa plateforme Truth Social.
Il a appelé le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell à baisser les taux d'intérêt «maintenant».
Le chef de l'État a une nouvelle fois surnommé le patron de la Fed «M. trop tard» et jugé «incompréhensible» le statu quo de l'institution sur les taux alors que d'autres banques centrales tendent à baisser les leurs.
La Banque centrale européenne pourrait ainsi réduire ses taux jeudi pour la huitième fois d'affilée.
«Pas d'effondrement»
Une baisse des taux d'intérêt de la Fed - qui guident les coûts d'emprunt - aurait le mérite de donner un coup de fouet à l'économie américaine, chahutée par les droits de douane de Donald Trump.
Mais les responsables de la banque centrale des États-Unis ont montré qu'ils étaient avant tout concentrés sur le risque de déraillement des prix.
Et pour l'économiste de la banque texane Comerica, Bill Adams, ces données ADP «ne suffiront pas à convaincre la Fed de baisser les taux à court terme».
La publication sur l'emploi privé est considérée comme un baromètre moyennement fiable des chiffres officiels, qui seront publiés vendredi.
Les analystes de Pantheon Macroeconomics suggèrent ainsi simplement «d'ignorer» les données ADP, «principalement parce qu'elles ont été très médiocres ces dernières années».
«La plupart des rapports sur les intentions d'embauche montrent récemment un net ralentissement, mais pas un effondrement», ajoutent-ils dans une note.
Dans une analyse publiée mardi, Lydia Boussour, économiste chez EY-Parthenon estime que les données officielles de vendredi vont «vraisemblablement montrer que le marché de l'emploi s'est essoufflé le mois dernier».
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Elle attribue cela à «l'incertitude politique élevée, aux droits de douane et aux flux d'immigration réduits».
Le taux de chômage devrait selon elle se maintenir à 4,2% en mai, mais grimper «vers 4,8% d'ici la fin de l'année».
Nancy Vanden Houten, chez Oxford Economics, s'attend plutôt à «un pic» à 4,6%.
«Nos prévisions pour l'économie et le marché du travail sont un peu moins pessimistes depuis que le gouvernement Trump est revenu sur ses droits de douane les plus punitifs», note-t-elle.
Toutefois, anticipe-t-elle, les taxes sur les produits importés «devraient rester beaucoup plus élevées qu'en 2024».
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a fait des droits de douane un élément central de sa politique. Ils sont à la fois censés favoriser la réindustrialisation du pays, générer de nouvelles recettes et pousser les autres pays à négocier des compromis en faveur des États-Unis.
Signe qu'il ne démord pas de cette politique, la surtaxe sur l'acier et l'aluminium importés est doublée depuis mercredi, à 50%.