Trop proche des trumpistes? Le balado d’un gouverneur démocrate fait trembler la politique américaine

AFP
Le nouveau balado de l’espoir des démocrates américains Gavin Newsom, dans lequel il plaisante avec des invités proches de Donald Trump, exaspère son parti, alors que ses responsables s’écharpent sur la meilleure façon de résister au président républicain.
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Dans une tentative apparente de courtiser les électeurs centristes, Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, considéré comme l’un des favoris à l’investiture de son parti pour la présidentielle de 2028, a lancé un balado promettant de s’adresser à ceux qui sont «fondamentalement en désaccord».
Il a notamment reçu Charlie Kirk, une personnalité médiatique de droite très populaire auprès des jeunes, dans un épisode.
Un échange durant lequel Gavin Newsom a fait part de son opposition à la participation des femmes transgenres aux compétitions sportives pour les jeunes, s’éloignant ainsi de la position des démocrates sur cette question.
Balados de droite
Certains au sein de son parti l’accusent aussi d’offrir une plateforme à des opinions et des personnalités qu’ils considèrent comme taboues et lui reprochent de ne pas contredire les déclarations mensongères de ses invités.
Les balados de droite sont parmi les plus populaires aux États-Unis et ont largement contribué à la victoire de Donald Trump à la présidentielle de novembre. Un média dans lequel les démocrates ont eu du mal à s’imposer.
Pour des républicains comme Anne Dunsmore, qui mène une campagne pour révoquer Gavin Newsom en tant que gouverneur de Californie, cette stratégie pourrait s’avérer payante.
«Il fait ce que tout le monde devrait faire», reconnaît cette habituée des collectes de fonds en faveur du parti républicain. «Il n’est pas stupide.»
Selon elle, les balados de droite invitent rarement des invités de l’autre côté du spectre politique et «se parlent à eux-mêmes». En s’adressant à ses adversaires, Gavin Newsom se distancie des positions impopulaires des démocrates sur des questions telles que les athlètes transgenres, note-t-elle.
La journaliste conservatrice Megyn Kelly s’est elle inquiétée de cette pratique et a averti cette semaine que cela pourrait permettre à un potentiel futur candidat démocrate de se bâtir «un public large et susceptible de plaire aux deux camps».
«Je n’aime pas le voir, car cela me donne le sentiment qu’il s’entraîne pour 2028 [...] Nous ne devrions pas l’aider», a-t-elle dit dans son émission.
«Extrémistes»
Selon certains démocrates, cette stratégie pourrait s’avérer dangereuse et contre-productive. Lors d’un échange avec Steve Bannon, idéologue d’extrême droite et ancien conseiller de Donald Trump à la Maison-Blanche, Gavin Newsom n’a pas corrigé les propos de son invité, qui a affirmé que Donald Trump a gagné l’élection de 2020.
Un épisode qui a exaspéré le gouverneur du Kentucky, Andy Beshear, également pressenti pour briguer la primaire démocrate: «Steve Bannon embrasse la haine et la colère, et même parfois la violence. Et je ne pense pas qu’il faille lui donner de l’attention sur n’importe quelle plateforme, jamais, nulle part.»
Tim Walz, gouverneur démocrate du Minnesota, était le dernier invité du balado de Gavin Newsom. Mais ce dernier a laissé entendre que Tucker Carlson, un animateur conservateur proche de Donald Trump, pourrait être le prochain.
Pour Steven Maviglio, consultant politique, cette stratégie consistant à s’adresser à «des extrémistes de droite» n’aide pas «la cause démocrate».
«Pour être président en 2028, il va falloir d’abord séduire les électeurs des primaires démocrates», affirme-t-il, précisant que Newsom est «gouverneur d’un État qui a de nombreux défis, qu’il n’a pas relevés».
«Je pense qu’il ferait mieux de faire son travail», assène-t-il.
Selon Steve Caplan, professeur de communication et de marketing à l’Université de Californie du Sud, l’objectif du gouverneur serait de simplement capter l’attention des médias nationaux.
«Est-ce que c’est ce que veulent les démocrates en ce moment? [...] La réponse est non», assure-t-il, se demandant si cette stratégie «portera ses fruits», car «il y a encore beaucoup de temps entre aujourd’hui et l’élection».
D’ici là, même les invités de droite de M. Newsom semblent perplexes face à la cour assidue que mène leur hôte à leur égard.
Après son passage à l’émission, Charlie Kirk est lui aussi apparu sceptique, affirmant qu’il a trouvé «très difficile d’y voir clair». «C’était presque trop positif, n’est-ce pas?»