Pas d’ajout d’ambulances dans le plan Dubé: les paramédics «abasourdis»

Vincent Desbiens
Alors qu’ils implorent le gouvernement d’ajouter des véhicules ambulanciers depuis des années, les travailleurs du domaine préhospitalier québécois n’arrivent pas à croire que leurs demandes restent, pour la vaste majorité, sans réponse.
• À lire aussi: Délais ambulanciers: l’ajout d’ambulances n’est pas au cœur du plan d’action du ministère de la Santé
Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a dévoilé son Plan d’action gouvernemental du système préhospitalier d’urgence, jeudi matin.
Celui-ci mise davantage sur les cours de secourisme et l’installation de défibrillateurs plutôt que sur l’ajout d’ambulances pour améliorer la desserte d’urgence.
«On est abasourdis. C’est extrêmement frustrant comme réponse. Ça donne l’impression que le ministre ne connaît pas le dossier et qu’il improvise. C’est sérieux, ce sont des vies qui sont en jeu», peste le président de l’Association des travailleurs du préhospitalier (ATPH) de Québec, Frédéric Maheux.
Néant
Selon le président de la Corporation des services d’ambulance du Québec (CSAQ), Sébastien Toussaint, ce qui surprend le plus dans le plan, c’est le néant autour de la pénurie main-d’œuvre chez le personnel préhospitalier. «C’est comme si ça n’existait pas.»
Les représentants syndicaux des ambulanciers de la Montérégie, de Montréal et Laval, et de Québec abondent dans le même sens.
- Écoutez l'entrevue avec Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la Santé et des Services Sociaux affiliés à la CSN responsable des secteurs privés au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :
«Il y a plusieurs avenues intéressantes à long terme, mais on n’a pratiquement aucune solution aux problèmes de surcharge de travail actuel», souligne le vice-président du Syndicat des paramédics et du préhospitalier de la Montérégie, Mathieu Lacombe.
Pour sa part, le président du Syndicat du préhospitalier de Montréal et Laval, Claude Lamarche, croit que les heures de service promises par M. Dubé sans ajout de véhicules ne feront qu’exacerber les conditions de travail difficiles de travailleurs «pour qui le temps supplémentaire est une habitude».
Quelques régions seulement
Frédéric Maheux rappelle que la région de la Capitale-Nationale est la plus surchargée de toute la province avec un taux d’utilisation clinique de 126,9% alors que le niveau recommandé est de 90% pour assurer un service de qualité.
Pourtant, elle ne fait pas partie de celles qui se partageront 5,9 M$ pour ajouter des heures de service et réduire les délais d’attente d’une ambulance. La Montérégie, qui compte cinq des 12 zones en surcharge de la province, y aura droit.
Des pas dans la bonne direction
Même s’ils souhaitaient des mesures plus concrètes pour les paramédics, tous les intervenants contactés par Le Journal s’entendent pour dire que l’ajout de défibrillateurs et l’intention de former les Québécois au secourisme afin d’avoir plus de premiers répondants sont de bonnes initiatives.
«C’est vrai que le défibrillateur, ça sauve des vies. C’est une excellente idée d’en ajouter. Même chose pour les cours de secourisme, on est en retard là-dessus. Par contre, il va quand même falloir prendre en charge les patients une fois que leur vie sera hors de danger immédiat», constate Claude Lamarche.
Ce qu’ils ont dit :
« C’est bien de voir qu’il y a un plan. On y trouve des solutions qui vont avoir un impact à long terme, mais, à court terme, les équipes sont très sollicitées et ça ne changera pas. »
- Jean-François Gagnon, président de la Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec
« Demander aux citoyens de pallier le manque d’ambulances, c’est comme si on donnait des cours de karaté pour se défendre parce qu’on manque de policiers. »
- Frédéric Maheux, président de l’Association des travailleurs du préhospitalier de Québec
« C’est une bonne nouvelle de voir qu’il y aura de l’argent disponible. Maintenant on veut des résultats concrets qui vont réduire le temps d’attente pour avoir une ambulance sans compter uniquement sur les premiers répondants. »
- Jules Dagenais, maire de Val-des-Monts, en Outaouais, la ville de 10 000 habitants et plus avec le plus long délai de réponse au Québec
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.