3e lien: une décision «difficile», disent François Legault et Geneviève Guilbault

Marc-André Gagnon
Briser la promesse d’un troisième lien autoroutier était «une décision très difficile» à prendre, mais «responsable» vu l’impact du télétravail sur les temps de déplacements entre Québec et Lévis, ont défendu mercredi François Legault et Geneviève Guilbault.
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Comme l’a révélé notre Bureau parlementaire en fin de journée, mardi, le gouvernement Legault s’est finalement résigné à abandonner le volet automobile de son projet de tunnel sous-fluvial pour laisser toute la place au transport collectif.
Dans les corridors, plusieurs ministres caquistes de la grande région de Québec avaient le visage long. Le ministre Éric Caire, comme son collègue de Lévis, Bernard Drainville, ont longé les murs en ignorant les questions des journalistes.
«C’est sûr que personnellement, j’ai une déception», a avoué le député caquiste de Beauce-Nord, Luc Provençal.
La députée et ministre de Chutes-de-la-Chaudière, Martine Biron, a assuré qu’elle entendait la déception de ceux qui tenaient à un tunnel autoroutier. «Je n’ai pas beaucoup de choses à dire aujourd’hui, parce qu’il reste des fils à attacher», a laissé tomber Mme Biron.
Une source a signalé que la «grogne» se fait sentir parmi les élus caquistes, mais le président du caucus du gouvernement, le député Mario Laframboise, a assuré que son groupe parlementaire «est uni, jusqu’à preuve du contraire».
«C'est un dossier qui est très émotif», a reconnu le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.
«On est d’abord et avant tout un gouvernement pragmatique», a fait valoir brièvement la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, qui présentera ce matin les données qui l’ont amené à reculer sur un engagement phare porté depuis une dizaine d’années par son parti.
La pandémie comme excuse
«Il faut comprendre que la situation a beaucoup changé», a commenté le premier ministre, en parlant lui aussi d’une «décision difficile».
«Vous allez le voir demain dans les données: les impacts du télétravail [sur les habitudes de déplacements] sont énormes. On pensait que ça reviendrait comme avant la pandémie, après la fin de la pandémie, mais on voit qu’il y a des changements importants des habitudes, entre autres aux heures de pointe», a relaté M. Legault.
Talonné en chambre par le chef intérimaire libéral, Marc Tanguay, le premier ministre a affirmé que «tout le monde comprend qu’on a eu une pandémie, que la pandémie a accéléré le développement du télétravail».
«C’est un classique: “c’est la faute de la pandémie”. [...] On en a soupé, de l’excuse de la pandémie», a répliqué M. Tanguay, en rappelant que le député caquiste de La Peltrie, Éric Caire, disait, encore en juin 2022, qu’il était prêt à se battre jusqu’à sa «dernière goutte de sang» pour le tunnel autoroutier.
Prenant la parole à son tour, MmeGuilbault a reconnu que son parti s’était engagé, à la dernière élection, comme à la précédente, de construire un tunnel autoroutier. Mais ignorer l’impact de la pandémie sur les temps de déplacement aurait été «de l’aveuglement volontaire et du déni scientifique», a-t-elle signalé.
Des réactions
«Quand il y a un changement de contexte, on doit être capable de s’adapter [...] et on doit être responsable, parce qu’on gère les fonds des Québécois.» – François Legault, premier ministre
«On a dû prendre une décision très difficile dans le dossier du troisième lien, mais qui à notre sens est une décision responsable.» – Geneviève Guilbault, vice-première ministre
«Que vaut la parole du premier ministre?» – Marc Tanguay, chef par intérim du PLQ
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