Troisième lien: Legault joue aux «trois singes»


Thomas Mulcair
Ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire. François Legault mérite un Oscar pour sa performance de la semaine, lui qui a joué aux trois singes, dans le dossier du troisième lien.
Lors de sa défense des crédits budgétaires, mercredi, le premier ministre a affirmé qu’il avait bien reçu un document qui analysait son option préférée de «tunnel pour le transport collectif», mais... qu’il n’avait pas regardé les chiffres ; en vérité, il ne les a pas entendus et il n’en a surtout pas parlé!
Faut le faire, pour un comptable, ne pas regarder les chiffres! Surtout qu’il s’agissait du plus important projet d’infrastructure de son mandat. Ce n’est pas très crédible, tout ça.
On dit que l’appétit vient en mangeant. Or, il semble aussi que le goût de tromper vienne en mentant.
Danger public et économique
Au-delà des fourberies de Legault et de la colère puis de l’indignation qu’elles ont suscitées, il existe bel et bien un besoin criant pour un troisième lien permettant de rejoindre les deux rives du Saint-Laurent à Québec.
Planifier et construire ce genre d’infrastructure prend des années.
Avec les études environnementales, les consultations et les expropriations qui découlent d’un tel projet, on parle d’au moins une décennie. Une décennie qui commencera le jour où un gouvernement sérieux s’attellera véritablement à la tâche, car avec deux mandats de la CAQ, on aura perdu huit précieuses années.
- Écoutez la rencontre Yasmine Abdelfadel et Marc-André Leclerc diffusée chaque jour en direct 6 h via QUB radio :
Or, dans dix ans, la population de la région de la Capitale-Nationale aurait atteint un million d’âmes. Ça saute aux yeux, que leur sécurité ne sera pas garantie avec le vieux pont de Québec, qui semble tenir en place grâce à sa propre rouille. Même le pont Pierre-Laporte montre d’inquiétants signes de vieillissement.
La perte de l’un ou de l’autre placerait la population de notre «deuxième métropole» dans une situation insupportable, voire carrément dangereuse pendant des années.
En plus de la sécurité du public, l’ensemble de l’économie de Québec paierait le prix de l’incompétence et de l’incurie du gouvernement de la CAQ.
Place au tunnel fantoche
Après les promesses d’un tunnel bitube, voilà qu’on nous jure maintenant qu’il y aura un tunnel, en dessous du Saint-Laurent, pour... un tramway !
Encore une fois, ça coûtera plusieurs milliards de dollars. Ce sera inutilisable pour la circulation des biens et largement inutile pour les personnes qui ne travaillent pas dans les centres-villes de Québec ou de Lévis.
Comme d’habitude avec la CAQ, aucune étude sérieuse sur la fréquentation projetée de ce projet n’existe. C’est du bluff total.
L’infortuné Bernard Drainville s’est à nouveau couvert de ridicule cette semaine en sortant un bobard de classe mondiale, en lien avec ce projet ridicule.
- Écoutez la rencontre Lisée - Mulcair avec Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8h50 via QUB radio :
Il promet, de son propre chef, sans projet, sans consultation et sans mandat, que la construction de ce tunnel fantoche aura débuté en 2026, soit au moment des prochaines élections et huit ans après l’élection du premier gouvernement de la CAQ.
Autre recul en vue
Puisque ni le premier ministre ni aucun ministre responsable de ce dossier n’a secondé cet engagement, force est de constater que Bernard Drainville fabule, lui aussi.
L’histoire de ce tunnel avec tramway qui coûterait des milliards est évidemment un autre mirage, concocté pour passer à travers la crise.
Lui aussi passera à la trappe et il ne restera rien sauf le réel besoin... d’un vrai troisième lien.