Trois soeurs dénoncent leur père abuseur qui a « volé leur enfance »

Michael Nguyen | Journal de Montréal
Les trois filles d’un père violent et incestueux qui a brisé leur enfance à coups de sévices et d’agressions sexuelles ont tour à tour dénoncé ce « voleur d’enfance » qui risque maintenant jusqu’à 12 ans de pénitencier.
« Mon enfance a été volée avec des abus sexuels qui ont commencé très jeune, dans des moments où une enfant est censée dormir. Il a brisé des vies, le cycle de la violence a eu un effet dévastateur », a lancé une victime du père incestueux, hier au palais de justice de Montréal.
Juste après, sa sœur a raconté des années de désespoir à subir « des milliers de sévices de cet homme qui se dit père ».
« Mon innocence m’a été dérobée, mon corps ne m’appartenait plus, j’étais en mode survie », a renchéri la troisième victime.
Assis dans la salle d’audience, l’air décontracté, le père abuseur âgé de 69 ans ne semblait pas perturbé par le témoignage de ses filles maintenant adultes, affirmant plutôt qu’il « n’avait rien à dire ».
- Trois soeurs dénoncent leur père abuseur : Nicole Gibeault en discute dans son segment judiciaire à l'émission de Benoit Dutrizac via QUB radio :
Battus sans raison
C’est que dans les années 90, cet individu que l’on ne peut nommer afin de protéger l’identité des victimes a fait vivre un véritable enfer à ses trois filles et son garçon. L’une d’elles se faisait abuser sexuellement à répétition, tandis que les autres enfants étaient régulièrement battus aussi violemment que gratuitement.
« Je ne guérirai jamais complètement », a d’ailleurs confié à la cour une des filles, qui a toutefois réussi comme ses sœurs à cheminer dans la vie malgré le traumatisme.
Leur frère, de son côté, est devenu un dangereux violeur, qui est depuis incarcéré après une série d’agressions sexuelles sur des inconnues.
Elles dénoncent
Mais même si le père avait réussi à instaurer un climat de silence pendant toutes ces années, il a finalement été dénoncé en 2018, ce qui lui a valu d’être déclaré coupable d’inceste, d’agression sexuelle, de voies de fait et de menaces de mort.
Il reste maintenant à lui imposer une sentence. Et pour Me François Parent de la Couronne, le père abuseur mérite facilement 12 ans de pénitencier, d’autant plus que rien n’indique qu’il a le moindre remords.
« [La violence] était une routine », a-t-il plaidé en rappelant que les abuseurs d’enfants méritaient de longues peines d’incarcération.
Me Raphaëlle Desvignes de la défense, de son côté, a suggéré entre 7 et 8 ans de pénitencier.
Le juge Alexandre Dalmau rendra sa sentence le mois prochain.