Trois-Rivières est plongée dans une lutte à trois plus imprévisible que jamais


Antoine Robitaille
Chaque semaine, durant la campagne électorale fédérale, notre chroniqueur politique Antoine Robitaille prend le de pouls des électeurs de plusieurs régions du Québec particulièrement touchées par la guerre tarifaire initiée par Donald Trump.
À Trois-Rivières, on a l’habitude des luttes à trois.
Et en 2025, chacun des partis principaux fait face à d’importants défis qui rendent le résultat encore plus imprévisible que jamais.
Lévesque, prise 3
« On dirait que c’est Noël », s’écrie Yves Lévesque en contemplant la neige surprise d’avril, au sortir d’un restaurant, mardi soir, rue des Forges.

À l’instar de l’hiver 2025, l’ancien maire de Trois-Rivières (1999 à 2018) est tenace : c’est sa troisième candidature pour le Parti conservateur dans le comté.
En 2019, la défaite fut cinglante : il est arrivé troisième ! Mais en 2021, il fallut aller en recomptage : « J’ai perdu par 83 voix ! Tu t’imagines », lance ce moulin à paroles friand de digressions. « Je suis comme un ti-gars, j’ai trop d’énergie ! », rigole l’homme de 67 ans.
Sa candidature a été officialisée il y a un an. Les conservateurs étaient alors au faîte des sondages. En 2022, pendant la course à la direction, Lévesque avait été un des premiers Québécois à appuyer Pierre Poilievre. L’ancien maire a une relation de proximité avec son chef, qui a d’ailleurs visité le comté à trois reprises en un an.
Parachutée rouge
Mais depuis novembre, il y a eu Trump, les tarifs, etc. Et cette question de l’urne que, peste Lévesque, « imposent les commentateurs » : « Qui de mieux pour faire face à Trump ? »
Grâce à cela et à son nouveau chef, le PLC s’est retrouvé en tête des sondages. Mais Trois-Rivières, pour les Rouges, est une « circonscription orpheline depuis 40 ans, dont personne ne s’occupe hors élection », déplore Valérie Renaud-Martin, candidate en 2019.
Le PLC a pris beaucoup de retard dans cette courte campagne. Zéro pancarte. Au Caféier, rue Saint-Antoine, la candidate Caroline Desrochers choisit d’en rire : « Notre slogan dans l’équipe, c’est #boucheesdoubles ! »
Un premier candidat, Luc Galvani, a été refusé en raison d’un antécédent d’alcool au volant. Puis, Desrochers fut « parachutée ». Elle refuse le terme. Mais vit en Outaouais. Fut candidate PLC en 2022 dans La Prairie. Son lien avec Trois-Rivières ? « J’avais une amie qui étudiait ici. Je venais la voir, on allait au bar. »
Desrochers, fonctionnaire à Affaires mondiales Canada, a des compétences d’une grande actualité : experte du Buy American act et de la guerre tarifaire de 2018, entre autres. Mais elle doit suivre ces jours-ci une sorte de cours intensif sur les enjeux de Trois-Rivières.
Une vague rouge pourrait bien la transporter. Sans compter que l’aura du ministre François-Philippe Champagne, du comté voisin (Shawinigan), l’enveloppe déjà.
Opération

Et le Bloc ? Député depuis 2021, l’éthicien René Villemure est « bien apprécié », concède une source d’un autre parti. Mais le sort a voulu qu’il doive subir, en pleine campagne, l’ablation d’un rein attaqué par une masse cancéreuse. Son local électoral rue Saint-Pierre est demeuré ouvert et, me jure-t-on, animé, malgré l’absence temporaire du candidat. Joint par texto au soins intensifs, Villemure avait heureusement de bonnes nouvelles : « La chirurgie a été un succès. » Après un « réel repos », il n’exclut même pas, en fin de campagne, de faire quelques activités.