Trois leçons à tirer de l’arrivée d’Alex Boissonneault en politique


Josée Legault
Maintenant que la poussière autour de la candidature surprise d’Alex Boissonneault pour le PQ à l’élection partielle dans Arthabaska est retombée, le moment est venu, à tête plus reposée, d’en tirer quelques leçons pour les uns et les autres.
Rappelons que M. Boissonneault, journaliste respecté de longue date à Radio-Canada, en a étonné plusieurs en faisant le saut en politique active.
Son passage s’est même compliqué quand son adversaire Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, a tenté de le discréditer en insistant sur son passé lointain de militant d’extrême gauche et son arrestation au Sommet des Amériques de Québec en avril 2001.
Or, même Éric Duhaime, sachant que le candidat péquiste avait obtenu depuis un pardon et surtout, que l’opinion publique était plutôt clémente, a dû modérer ses transports. Une semaine plus tard, qu’en reste-t-il?
1) Le PQ a retrouvé son pouvoir d’attraction. L’arrivée d’un Alex Boissonneault confirme que le Parti Québécois, malgré un minicaucus de cinq élus, mais béni de bons sondages depuis deux ans, suscite un assez grand intérêt pour faciliter le recrutement de candidatures de qualité.
Avec M. Boissonneault, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a même réussi à recruter un natif de la région avec laquelle il a aussi gardé contact.
À l’opposé, pour la CAQ, réduite au 3e rang dans les intentions de vote, le recrutement de bons candidats s’annonce plus ardu. À moins, bien sûr, d’un changement radical de tendance d’ici les élections de 2026.
Impopularité de Pierre Poilievre
2) Éviter le syndrome Poilievre. Pour Éric Duhaime, dont les chances de remporter ce comté sont pourtant non négligeables – son parti y terminait deuxième au scrutin de 2022 –, la leçon prend la forme d’un avertissement.
En s’en prenant tout d’abord à la réputation personnelle d’Alex Boissonneault d’une manière particulièrement démagogique, M. Duhaime devra prendre garde dorénavant de ne pas succomber au syndrome Poilievre.
Ce vilain syndrome du chef conservateur fédéral étant de troquer le débat politique pour l’insulte personnalisée des adversaires.
Ce qui, au Québec, explique d’ailleurs en bonne partie l’impopularité persistante de Pierre Poilievre. Éric Duhaime serait sage d’en prendre note.
Un phénomène courant
3) Du journalisme à la politique. Sans avoir vendu pour autant son âme au diable, oui, il est possible de passer du journalisme à la politique active. Voire de le faire, quand le destin frappe, en quelques jours.
Depuis des décennies, le phénomène est courant dans la culture politique et médiatique québécoise.
Sans les comparer entre eux, pensons à René Lévesque ou dans les dernières années, aux Christine St-Pierre, Martine Biron, Louis Lemieux, François Paradis, Bernard Drainville, etc.
Au fédéral comme ailleurs en Occident, on ne me manque pas non plus de journalistes, reporteurs ou chroniqueurs, convertis à la politique.
Chez certains, il arrive en effet un temps où la passion d’analyser la politique se métamorphose en désir d’en faire pour vrai. Lorsqu’une ou un chef de parti se pointe en plus à la porte, difficile d’ignorer le signal.
Si le désir du service public est bien réel, par devoir d’intégrité intellectuelle et professionnelle, mieux vaut alors traverser en politique ou pour ceux qui ont déjà fait de la politique, d’y retourner.
Question de s’assumer pleinement à visière levée. C’est essentiel pour éviter de confondre le travail journalistique avec celui de militant partisan.