Trêve ou cessez-le-feu : connaissez-vous la différence?
Cheyenne Ogoyard
La trêve permettant l’échange de prisonniers et d’otages entre le Hamas et Israël est entrée en vigueur vendredi matin et devrait durer quatre jours. Connaissez-vous les différences entre une trêve et un cessez-le-feu?
«Le cessez-le-feu va nous amener vers un désarmement, alors que la trêve, c’est plutôt “on arrête de se tirer dessus le temps d’un moment, pour X raison, et dès que cette raison est terminée, on reprend les hostilités”. Le cessez-le-feu a une finalité de désescalade des hostilités», a indiqué François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires (OCCAH) et professeur titulaire à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’Université du Québec à Montréal.
M. Audet a cependant précisé qu’il est difficile de définir précisément ce qu’est une trêve, puisqu’il n’existe pas de définition dans le droit humanitaire international.
«La trêve va prendre la définition de l’entente entre les belligérants, a-t-il expliqué, c’est vraiment du cas par cas.»
Même si une trêve permet une ou plusieurs actions d’ordre humanitaire pendant un conflit, c’est avant tout une stratégie politique et militaire, a détaillé l’ancien chef de la délégation régionale de l’Afrique de l’Est et de l’océan Indien pour la Croix-Rouge canadienne.
Pas la fin du conflit
Ni la trêve ni le cessez-le-feu ne font acte de traité de paix. Le cessez-le-feu fait également intervenir une tierce personne.
«Dans le cas du cessez-le-feu, c’est une entente dans laquelle il y a une organisation tierce qui va prendre en charge les pourparlers de cessez-le-feu, notamment les Nations Unies, ou une organisation qui est mandatée par le Conseil de sécurité des Nations Unies, donc là il y a vraiment une résolution au Conseil des Nations Unies qui va permettre que le cessez-le-feu nous mène à un désarmement, qui est l’étape suivante», a détaillé M. Audet.
Pas d’obligation
Puisqu’elle n’a pas de définition officielle, la trêve peut aisément ne pas être respectée, sans risque de représailles du Tribunal international.
«Ça veut dire que ce n’est pas ça qui va influencer le comportement des belligérants», a poursuivi M. Audet, ajoutant que: «C’est vraiment un gentleman agreement.»
En revanche, si le non-respect d’une trêve n’est pas une violation du droit humanitaire international, l’attaque de civils ou de blessés qui pourraient être déplacés pendant ce temps constituerait une violation du droit humanitaire.
Trêve ou cessez-le-feu: quelle est la position de Trudeau?
Depuis la fin octobre, Justin Trudeau appelait les deux belligérants à s’entendre sur une «pause humanitaire» le temps d’acheminer de l’aide à la bande de Gaza, mais il s’est gardé de réclamer un cessez-le-feu. Sa position a fait polémique, une partie de la population et des élus du Bloc Québécois, du NPD et même du camp libéral reprochant au premier ministre de ne pas réclamer ouvertement un arrêt des combats entre Israël et le Hamas et de résister à utiliser ce mot.
Si le Canada veut la paix de façon générale, le discours de Trudeau serait en réalité une précaution politique.
«Les États-Unis et le Canada ne veulent pas de cessez-le-feu à long terme, car Israël ne veut pas un cessez-le-feu à long terme. Les États-Unis et le Canada soutiennent le droit d’Israël de maintenir son droit d’autodéfense», qui fait partie du droit de la guerre, a expliqué Walter Dorn, professeur opérationnel en matière de défense au Collège militaire royal du Canada et au Collège des Forces canadiennes.
En revanche, si Israël réclamait un cessez-le-feu, le Canada le soutiendrait, a précisé le spécialiste à l’Agence QMI.
La trêve entre le Hamas et Israël a débuté à 7 h vendredi matin. Elle prévoyait l’échange d’un groupe d’otages contre des prisonniers palestiniens, ainsi que l’arrêt complet des activités militaires.