Travaux de proximité: un conseiller de Saguenay dénonce des écarts de coûts de plus de 300%
Alex Martin
Le conseiller municipal Serge Gaudreault, qui représente le district 7 à Saguenay, sonne l’alarme face à des écarts importants dans les coûts estimés pour des travaux de proximité sur son territoire. Il affirme que certaines soumissions ont explosé, rendant difficile le respect de ses engagements envers les citoyens.
«Je vais me ramasser dans une impasse... c’est moi qui vais être imputable de ça», déplore-t-il.
Chaque élu municipal dispose d’un budget d’environ 100 000 $ pour des projets de type ATEE (améliorations locales comme des trottoirs ou des réparations de chaussée). Or, les dernières soumissions obtenues dans le district 7 montrent des hausses spectaculaires.
Un exemple : la rue de la Liberté.
«J’avais une soumission à 4 486 $, et là, on me dit que ça va coûter 22 770 $. C’est une augmentation de 370 %», affirme M. Gaudreault. D’autres cas similaires sont rapportés : 350 % de plus sur la rue Saint-Denis, 324 % sur la rue Labelle.
Sur la rue de la Liberté, Normand Maltais, un citoyen concerné par les travaux, n’en revient pas. Il dénonce l’état de l’asphalte qui cause des dommages à son véhicule.
«Une auto trop basse ne passe pas, j’ai changé des bearings de roues... ça n’a pas de bon sens», dit-il.
«Moi, j’ai fait faire une soumission pour toute ma cour, pis c’était 28 000 $... là on me dit que juste un petit bout, ça coûte presque ça !», ajoute-t-il.
Serge Gaudreault a officiellement demandé des explications à la direction générale et au service des travaux publics. En réponse, la Ville de Saguenay a invoqué une hausse importante du prix de l’asphalte.
«Le mètre carré d’asphalte est passé de 100 $ à 700 $ en moins de deux ans. De telles variations ont des effets même sur des travaux de proximité [...]», peut-on lire dans une déclaration transmise à TVA Nouvelles. La Ville assure que les soumissions sont conformes au marché et destinées à aider les élus à prendre des décisions éclairées.
Le conseiller Gaudreault reste sceptique.
«On me parle d’erreur administrative... sans nommer personne. Mais moi, je dois répondre aux citoyens», dit-il.
«Ce n’est pas une simple erreur de soumission... C’est un écart incompréhensible», poursuit-il.
À quelques mois de la fin de son mandat, il affirme ne pas pouvoir respecter les projets promis aux résidents de son district.
«On me met de la pression pour signer... mais je ne pourrai pas respecter mes engagements», dit-il.
«Si ce sont vraiment des erreurs... il va falloir changer l’administration», souffle M. Gaudreault.
Selon lui, d’autres élus feraient face à des situations similaires, mais préfèreraient ne pas en parler publiquement.