Travailleurs étrangers temporaires: 15 entreprises poursuivent Ottawa pour 105 M$
Ces PME s’ajoutent aux dizaines d’autres qui déjà traînaient en justice le gouvernement de Mark Carney pour des centaines de millions de dollars


Francis Halin
Une quinzaine d’entreprises poursuivent Ottawa pour 105 M$ estimant que leurs travailleurs étrangers temporaires (TET) sont traités comme de la simple «marchandise» par le fédéral, a appris Le Journal.
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Dans sa poursuite, l’avocat Frédéric Bérard se désole de voir les TET «être traités à la manière d’une marchandise déplaçable d’une région économique du Québec à une autre».
«Ces derniers se voient ainsi plongés dans une situation d’insécurité financière, entraînant des impacts négatifs importants sur leur santé physique et psychologique», soutient-il.
Entreprises et travailleurs réclament des dommages-intérêts à la suite des changements soudains des critères d’admissibilité du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), en vigueur depuis mai 2024.
Investissements perdus liés à l’embauche, formations, pertes de production et chute de contrats... les compagnies en veulent à Ottawa.

À la mi-juillet, Le Journal révélait que des dizaines d’entreprises d’ici poursuivaient Ottawa pour près de 300 M$ à cause des restrictions sur les TET.

Le dossier avance bien avec un juge déjà assigné. Cette seconde poursuite de 105 M$, toujours menée par l’avocat Frédéric Bérard, démontre l’ampleur de la grogne.
Plusieurs ministères du gouvernement Carney sont visés: Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Emploi et Développement social Canada (EDSC), et le Procureur général du Canada.
Des restrictions sévères
Ces entreprises ne digèrent pas les restrictions imposées par le fédéral l’an passé qui forceront plusieurs de leurs travailleurs à retourner dans leur pays.
Les demandeurs à bout de patience exigent 105 M$ et 100 000$ par TET touché.

Ce qui les ulcère, c’est que l’an dernier, le nombre maximum de TET dans une entreprise est passé de 30% à 20%... puis à 10%.
Le fédéral s’est aussi mis à refuser de traiter les demandes dans les régions métropolitaines où le chômage est à moins de 6%.
Pour en ajouter une couche, le permis est passé de deux ans à un an. On a aussi décrété une hausse du salaire minimum requis.
Les 15 entreprises qui poursuivent le fédéral
- Acier Bouchard (23 M$)
- Ezeflow (21 M$)
- Fabkor Group (19 M$)
- Les Patates Turcot (7,7 M$)
- SP Apparel (6,9 M$)
- Groupe J.F. Nadeau (6,7 M$)
- Solution Recrutement International (3,5 M$)
- Pneus Bélisle (3,3 M$)
- Liard Industries (3 M$)
- Mount Royal Walsh (2,9 M$)
- Usinage CNC Production (2,8 M$)
- Service Marine Canada (2,6 M$)
- Solution Immigration International (2,4 M$)
- Excavation Alain Lemay (825 K$)
- Groupe Univoque (montant compris dans Pneus Bélisle inc.)
(Source: poursuite déposée à la cour fédérale)