Travailler avec le milieu agricole


Julien Cabana
Pour assurer le maintien de nombreux habitats fauniques, la Fondation de la faune du Québec veut travailler avec le milieu agricole, en partenariat avec l’Union des producteurs agricoles.
Trop souvent, bien des gens croient que le milieu naturel se résume à la forêt, aux lacs et aux rivières. Le milieu agricole est aussi d’une grande importance pour la faune. On y retrouve de nombreux habitats fauniques tels que les cours d’eau, les milieux humides, les boisés de ferme, les bandes riveraines, les haies brise-vent et les bordures de champs. Ces habitats contribuent énormément au maintien de la biodiversité.
Selon la Fondation, « au cours des dernières décennies, l’intensification de l’utilisation pour divers usages comme le récréotouristique, le résidentiel et l’industriel a eu des impacts sur les milieux naturels. De nombreuses espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de poissons en subissent les conséquences, car leurs habitats et la connectivité entre ceux-ci ne répondent plus totalement à leurs besoins. Les changements climatiques ajoutent au défi collectif. »
La Fondation se devait de compter sur un partenaire de premier plan, l’Union des producteurs agricoles, pour présenter et réaliser des projets. Avec l’appui de l’UPA, les chances de voir évoluer le dossier étaient excellentes.
On peut penser à différents programmes lancés en collaboration comme le Programme de mise en valeur de la biodiversité des cours d’eau en milieux agricoles.
« Les succès et les retombées de ce partenariat avec l’UPA ont permis à la Fondation de développer son expertise en lien avec le milieu agricole. Depuis ce temps, la Fondation n’a cessé de soutenir des projets dans ce milieu », peut-on lire dans le rapport de l’organisme.
DES EXEMPLES
La meilleure façon de comprendre la force de ce partenariat, c’est de vous donner quelques exemples.
Le projet « Ferme progrès » est un projet en agroenvironnement piloté par l’UPA Centre-du-Québec. Il vise à accompagner les producteurs agricoles dans l’adoption de pratiques durables et résilientes face aux défis environnementaux et climatiques, tout en créant des habitats fauniques. Il a permis d’améliorer l’état général des cours d’eau et de l’ensemble du bassin versant, autant au niveau des habitats terrestres qu’aquatiques. Parmi les interventions choisies, il y a eu l’implantation de bandes riveraines élargies et d’îlots fleuris dans les secteurs où l’agriculture est intensive.
Dans son projet « Biodiversité et corridors fauniques », la Fondation a soutenu le projet Ruisseau Grandmont, de l’UPA du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il visait à protéger et à restaurer les bandes riveraines du ruisseau, afin d’améliorer la biodiversité en milieu agricole et de créer un réseau de corridors fauniques, reliant les zones boisées et humides. Ce projet a permis de réduire la dégradation des bandes riveraines en procédant à l’implantation de 24,6 km de bandes riveraines élargies avec de la végétation indigène, améliorant ainsi l’indice de qualité. Aussi, le projet a permis de créer des corridors fauniques favorisant la circulation de la faune entre les zones boisées et humides présentes sur le territoire du bassin versant.
D’AUTRES PROJETS
Plusieurs autres interventions faites en milieu agricole ont été appuyées par la Fondation.
Il y a eu l’initiative « Opération bandes riveraine » de la Fédération de l’UPA du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a permis de favoriser la connectivité des habitats de la Petite Rivière à l’Ours. L’augmentation de la biodiversité et floristique des bandes riveraines du bassin de la rivière, additionnée à l’aménagement des bandes riveraines, permettra de déployer un vaste réseau de corridors fauniques. La zec de la Lièvre, les refuges biologiques désignés par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et la réserve faunique Ashuapmushuan vont en profiter.
Il y a aussi la restauration d’habitats favorables à la diversité biologique, le long de la rivière Delisle en Montérégie ou encore le projet du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec qui vise à restaurer plusieurs cours d’eau. On veut améliorer la qualité de ces milieux en tant qu’habitats pour la faune et réduire la production sédimentaire du bassin versant, améliorant ainsi la qualité de l’eau.
TERRAINS PRIVÉS
Ces interventions doivent se faire en tout ou en partie sur des territoires agricoles, qui appartiennent à des agriculteurs depuis des années. Ce qu’il y a d’exemplaire dans la démarche de la Fondation, c’est qu’elle ne s’est pas présentée sur ces terrains privés en dominatrice, mais bien dans un esprit de collaboration, afin d’aider les agriculteurs. Le partenariat avec l’UPA a permis d’expliquer aux propriétaires terriens, le rôle qu’ils peuvent jouer dans la conservation de la nature et des habitats qui se trouvent chez eux.
« En leur fournissant des explications et des outils nécessaires, ils vont devenir de vrais partenaires pour le monde de la faune », mentionne le président-directeur général de la Fondation, Jean-Claude D’Amours.