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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Transport en commun: La CAQ «abandonne ses responsabilités»

Une experte écorche le gouvernement et le bras de fer «irresponsable et enfantin» sur cet enjeu

Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Stéphanie  Martin

Stéphanie Martin

2024-09-14T04:00:00Z
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La CAQ se dérobe à ses responsabilités en transport en commun avec ce «bras de fer irresponsable et enfantin» qu’elle mène contre les maires des grandes villes, estime une experte.

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«Le gouvernement est en train d’abandonner ses responsabilités en transport en commun», tranche Marie-Hélène Vandersmissen, au terme d’une semaine marquée par l’annonce du maire de Québec d’une hausse de 60$ de la taxe sur l’immatriculation pour financer le transport collectif, qu’il juge sous-financé par le gouvernement.

La CAQ n’a jamais montré d’engouement réel pour ce sujet et pellette les problèmes dans la cour des municipalités et des maires, dit la professeure titulaire et vice-doyenne aux études au Département de géographie de l’Université Laval. Il s’agit, selon elle, d’un «bras de fer irresponsable et enfantin» sur un enjeu qui est pourtant «important et complexe» pour l’avenir des villes.

Aux maires de défendre

«Ce sera aux maires de défendre les augmentations de taxe auprès de leurs citoyens (quitte à perdre éventuellement leur poste en 2025), le gouvernement s’en lave les mains et n’aura pas à défendre cela en 2026...»

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Jean Mercier, professeur retraité d’administration publique à l’Université Laval, estime que «le maire Marchand fait preuve de réalisme et de courage politique en cherchant à trouver du financement additionnel pour le transport collectif à Québec», dans un contexte où «depuis plusieurs années déjà, le gouvernement de la CAQ a soufflé le chaud et le froid en matière de transport collectif».

Il souligne que «plusieurs grandes réformes en transport collectif, particulièrement en Amérique latine, ont survécu au maire qui les a soutenues, mais que le même maire a subi la défaite au scrutin suivant».

Fanny Tremblay-Racicot, professeure agrégée à l’École nationale d’administration publique (ENAP), rappelle que le rattrapage en infrastructure au Québec est «énorme». «Si le gouvernement du Québec continue à choisir de financer des projets d’expansion du réseau routier, on aura du mal à demeurer compétitif par rapport à l’Ontario qui investit massivement dans les transports en commun.»

Piste de solution

Comme piste de solution pour le financement des transports collectifs, elle suggère que «la contribution municipale pourrait être payée à même les revenus provenant de la captation de la plus-value foncière, car les valeurs foncières le long des tracés augmentent». Selon elle, «si les villes ne veulent pas payer leur part, elles pourraient laisser cette assiette (la captation de la plus-value foncière) à l’agence responsable de la construction, comme Mobilité Infra Québec ou la CDPQ Infra, mais ce n’est pas ce qui est envisagé présentement».

Le désengagement du gouvernement ne date pas d’hier, insiste Pierre Barrieau, chargé de cours à l’Université de Montréal et expert en planification des transports. «On souffre d’un sous-financement chronique dans nos investissements de prolongement de réseaux, de maintien des actifs et de subventions aux déficits d’exploitation. Les gouvernements n’ont pas donné les outils nécessaires depuis 1976. On a maintenant 48 ans de retard en investissements.»

Poursuivre dans cette voie équivaut, selon lui, à «une spirale mortelle» où «on n’est pas capables de répondre à nos enjeux d’aménagement du territoire.»

– Avec la collaboration de Taïeb Moalla

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