Transport collectif à Québec: pourquoi pas un référendum?

Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique
Je constate que les résultats de l’élection partielle dans Jean Talon ont ébranlé le caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) et le premier ministre François Legault. Les observateurs avaient prédit une chaude lutte, ce qui ne fut pas le cas du tout.
Le candidat du Parti québécois a récolté plus de 55% des voix, plus du double de la candidate caquiste et plus de 79% des électeurs ont voté contre le parti gouvernemental si l’on additionne les votes de tous les partis d’opposition. Les batteries de la CAQ sont à plat dans la région de Québec
J’avais déjà écrit que « l’élection porterait sur un vote de confiance envers le gouvernement du Québec et son leadership sur les enjeux de gouvernance de la grande région de Québec ». Le premier ministre a compris le message et a ciblé uniquement le dossier du 3e lien autoroutier comme principale source de mécontentement. Il veut consulter les citoyens en commençant par son caucus. Je partage en partie son diagnostic, mais j’ajouterais aussi le projet de tramway et celui du Pont de Québec, puisqu’à mon avis les trois projets sont interreliés. C’est pourquoi je propose la tenue d’un référendum régional sur le transport collectif dans la grande région de Québec.
Une crise de confiance
Mon interprétation du résultat désastreux pour la CAQ dans l’élection de Jean Talon consiste en partie en l’absence de leadership et de vision pour le développement de la grande région de Québec. Tout se passe comme si le maire de Lévis ou celui de Québec ont un droit de veto sur leur propre vision du transport collectif local, sans interconnexion régionale.
Les gouvernements provincial et fédéral demeurant des gérants d’estrade ou des « payeurs passifs ». Le Pont de Québec est laissé à l’abandon depuis plus d’une décennie à cause d’une chicane fédérale-provinciale sur le financement de son entretien, le projet de tramway est moribond dans l’opinion publique, parce que nous ne savons pas encore son coût réel pour les citoyens de Québec après des années de remises en question et des délais qui n’en finissent plus de finir. Comme pour le 3e lien, l’information arrive au compte-gouttes, d’où l’insécurité et le mécontentement des citoyens.
À l’instar de la filière batterie, j’aimerais que nous ayons des leaders comme un Pierre Fitzgibbon et un François-Philippe Champagne pour que des projets de transport collectif totalisant plus de 20 milliards$ puissent enfin décoller pour l’aménagement d’un véritable réseau interrives, ce qui représenterait un pilier fondamental de développement économique et sociale pour la grande région de la capitale nationale.
Une vraie consultation référendaire
Au stade où nous en sommes, le gouvernement du Québec ne peut retourner au 3e lien autoroutier sans perdre la face une 2e fois. Je propose un référendum sur une approche inclusive avec une vision intégrée du transport collectif. Il n’a pas d’urgence de construire un tunnel entre Lévis et Québec, que ce soit pour un 3e lien exclusif en transport collectif ou autoroutier. La priorité consiste à relier les deux villes par un transport collectif commun passant par le Pont de Québec, qui devra être rénové.
Devrions-nous avoir un réseau unifié de tramway ou de Service rapide par bus (SRB)? Je n’en sais rien, l’important c’est de relier les deux grandes villes en commençant par la fusion des deux Sociétés de transport. Comme à Montréal, ces investissements susciteront des projets d’investissements immobiliers et contribueront à diminuer les Gaz à effets de serre (GES).
Cette fois, monsieur le premier ministre vous n’avez pas droit à l’erreur et fiez-vous au bon jugement des citoyens de la grande région de Québec en les laissant se prononcer par référendum sur un projet régional intégré de transport collectif.

Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique