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L'article provient de Le Journal de Montréal
Transports

Transport aérien régional: un manque à gagner de près de 1 milliard $ pour Québec

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Claude Fortin

2021-11-02T09:00:00Z
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L’absence de concurrence dans le transport aérien régional priverait le gouvernement du Québec de 800 millions $ par année, selon une étude réalisée par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), dont l’Agence QMI a obtenu copie.

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L’étude indique que si les Québécois sont, toutes proportions gardées, aussi nombreux que les autres Canadiens à prendre des vols internationaux, la situation diffère complètement pour les vols interrégionaux.

«Le Québec, depuis au moins 2010, c’est à peu près 8, 9, 10% du nombre total de passagers qui transitent sur des vols intérieurs au Canada», alors que la province compte pour environ 23% de la population du pays, a souligné Robert Laplante, directeur général de l’IREC et auteur principal de l’étude.

Or, en imaginant que la proportion de voyageurs sur les vols intérieurs atteint celle de la démographie québécoise, les retombés pourraient ajouter 3,8 milliards $ au PIB de la province et générer environ 800 millions $ en revenus fiscaux, détaille l’IREC en présentant divers scénarios dans son étude, basée sur des données prépandémie remontant à 2019.

La raison principale de cette sous-utilisation relative du transport aérien interrégional se trouve dans le prix des billets exigé par les transporteurs actuels, soutient le chercheur.

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«Les Québécois paient, en moyenne, 180% plus cher que les Ontariens pour les vols intérieurs», a observé Robert Laplante, qui remarque par ailleurs qu’au-delà du prix des billets, la qualité des services de transport aérien présente d’importantes lacunes au Québec.

«Il y a un lien direct entre le prix des billets et le nombre de passagers, mais en plus, les vols sont sur des horaires qui, au niveau des horaires et des fréquences, ont de quoi décourager n’importe quel utilisateur», a insisté le directeur général de l’IREC.

Québec interpellé

Robert Laplante estime que le gouvernement du Québec doit faire mieux pour promouvoir le transport aérien entre les régions de la province. «Il faut faire entrer de nouveaux joueurs. C’est là que l’arrivée de TREQ [un projet de coopérative de transport régional qui promet des vols à bas prix entre les régions de la province et les grands centres] mérite d’être considérée», a-t-il dit.

«Le gouvernement ne peut pas continuer à dépenser des sommes importantes pour encourager l’établissement d’entreprises en région, en même temps qu’il les prive d’une desserte aérienne de qualité», a-t-il ajouté.

Si le gouvernement fédéral s’est impliqué à hauteur de 3,5 millions $ dans le financement de la coopérative de transport aérien régional TREQ, Québec se fait toujours attendre. Pour Robert Laplante, les acteurs actuellement présents sur le territoire québécois défendent des intérêts qui divergent de ceux des régions qu’ils desservent.

«L’offre de service est aussi définie par les attentes de rendements financiers des compagnies aériennes. Ces attentes n’ont rien à voir avec les besoins des régionaux. Leurs attentes sont strictement fondées sur l’intérêt de leurs actionnaires», a expliqué le chercheur.

Selon Robert Laplante, «l’arrivée d’une coopérative comme TREQ pose le problème dans ses vrais termes. Une offre de transport a besoin d’être viable économiquement. Une fois cette viabilité établie, les appétits des membres de la coopérative ne sont pas les mêmes que ceux des actionnaires d’Air Canada. C’est ce qui permet à une coopérative d’établir une tarification qui est plus conforme aux intérêts de ses membres qu’à l’appétit d’actionnaires».

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