Transport aérien régional: des vols à 500$ aller-retour
Québec va dépenser 261 millions $ pour compenser les compagnies aériennes

Sylvain Larocque
Un aller-retour à 500 $ ou moins. Finalement, prendre un vol pour les îles de la Madeleine, Baie-Comeau ou Blanc-Sablon coûtera moins cher que de s’envoler pour bien des destinations soleil.
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Josyane Bolduc, une Abitibienne qui prenait régulièrement des vols pour Montréal avant la pandémie, a accueilli avec joie l’annonce faite hier par le gouvernement.
« Ça prend de six à sept heures pour se rendre à Montréal en auto, alors quand on peut le faire en avion, on le fait », confie-t-elle, en précisant que les tarifs peuvent atteindre 1200 $ pour un aller-retour Rouyn-Noranda–Montréal.
« J’espère que ça va permettre aux transporteurs de revenir à la normale pour leur offre de vols », ajoute-t-elle. Depuis le début de la pandémie, le nombre de voyageurs a fondu, et par conséquent, les compagnies aériennes ont réduit leurs liaisons.

Le Plan québécois de transport aérien régional prévoit qu’à partir du mois de juin, il n’en coûtera pas plus de 500 $ pour un aller-retour entre Montréal ou Québec et la Gaspésie, l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, les îles de la Madeleine et Chibougamau. Facture projetée pour l’État : 261 millions $ sur cinq ans.
Ne règle pas tout
« La question cruciale, c’est comment vont se négocier les sommes que le gouvernement va remettre aux compagnies aériennes ? [...] Les transporteurs ont plusieurs tarifs pour chaque destination, alors quel est le tarif qu’ils vont facturer au gouvernement ? » demande le spécialiste en aviation John Gradek, qui est chargé de cours à l’Université McGill.
Pour illustrer la complexité de la question, Yani Gagnon, vice-président de Pascan Aviation, souligne que le coût du carburant a doublé depuis le mois de décembre.
« C’est un bon pas en avant, mais ça ne règle pas tous les problèmes, dit-il. Ça ne change pas le fait que le transporteur assume le risque commercial. »
Pascan est encore loin d’avoir retrouvé son niveau d’activité d’avant la pandémie. L’annonce d’hier ne suffira donc pas pour convaincre ses dirigeants d’ajouter des vols à son horaire.
« La problématique du transport aérien régional, c’est de faire en sorte que les volumes soient conséquents 12 mois par année, note M. Gagnon. En subventionnant les billets, est-ce que monsieur et madame Tout-le-Monde vont se déplacer plus qu’avant en avion en dehors de l’été ? »
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Plus de touristes ?
Chez Air Liaison, on songe toutefois à ouvrir de nouvelles destinations, dont les îles de la Madeleine.
« Je pense qu’avec l’annonce, on va avoir plus de touristes dans nos avions », affirme le président de l’entreprise de Québec, Mathieu Gingras.
M. Gradek estime que le programme « va vraiment hausser la valeur touristique des régions ». Il reconnaît tout de même qu’il favorisera surtout « les gens qui ont de l’argent ».
« On peut aller loin en voiture avec le coût de quatre billets à 500 $ », rappelle-t-il.
Combien coûtent les vols vers nos régions ?
Billet aller-retour du 8 au 17 juillet 2022 (avec taxes)
Montréal–Blanc-Sablon (PAL Airlines)
- 2100 $
Montréal–Rouyn-Noranda (Air Canada)
- 448 $
Montréal–Îles de la Madeleine (Pascan)
- 861 $
Québec–Sept-Îles (Air Liaison)
- 614 $
Montréal–Saguenay (Air Canada)
- 541 $
Québec–Gaspé (PAL Airlines)
- 765 $
Source : Google Flights
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