Transition de genre: un rendez-vous de 15 minutes pour repartir avec des hormones
Le dépôt du rapport du comité de sages chargé de se pencher sur l’identité de genre a été perturbé par des manifestantes transféministes

Geneviève Lajoie
Un rendez-vous de 15 minutes chez le médecin est parfois suffisant pour qu’un jeune reparte avec des hormones. Pour éviter de telles dérives, le comité de sages sur l’identité de genre suggère aux écoles de faire évaluer les élèves trans ou non binaires par plusieurs professionnels lorsque les parents ne sont pas dans le coup.
«Que des médecins, après 15 ou 20 minutes, prescrivent des prescriptions normales à des enfants, pour nous, c’est inadmissible, ça ne devrait jamais se produire. Et même si c’est des cas très rares, ce n’est pas la majorité, c’est suffisant pour qu’on se dise de mettre en place une précaution», a plaidé vendredi Diane Lavallée, la présidente du groupe de travail mis sur pied par le gouvernement Legault l’an dernier dans la foulée de la controverse sur les toilettes mixtes.
Notons que le document de 215 pages ne contient aucune recommandation formelle, mais plutôt des suggestions et des avenues à explorer.
Le comité, composé également du constitutionnaliste Patrick Taillon et de Jean-Bernard Trudeau, incite le gouvernement à forcer les établissements scolaires à offrir un accompagnement «adapté à tout élève qui se questionne sur son identité de genre ou entame une transition à l’école». Actuellement, un jeune âgé de 14 ans ou plus peut obtenir une prescription d’hormones sans le consentement parental.
Les écoles devraient favoriser le soutien des parents dans cette aventure. Lorsque le jeune s’y oppose fermement ou que la famille est dysfonctionnelle, l’élève devrait être davantage soutenu par son établissement scolaire.
«On a eu des histoires qui nous ont été racontées [où] les parents ont été tenus complètement à l’écart et [...] qui ont appris soudainement que la travailleuse sociale est allée avec la jeune chez un médecin qui a prescrit des hormones, puis 20 minutes après, la jeune était sortie avec sa prescription d’hormones», a insisté Diane Lavallée.
Le comité accueilli par des manifestantes transféministes
Les trois sages choisis par la CAQ ont eu droit à un comité d’accueil pour l’occasion. Des manifestantes transféministes bloquaient la salle de conférence de presse de l’édifice Marie-Guyart à Québec, située à un jet de pierre de l’Assemblée nationale.

«Femmes trans debout! Dignité pour toutes!» scandaient les trois militantes. La porte-parole, Judith Lefebvre, estime que la CAQ a tenté de faire diversion avec ce groupe de travail, qui n’est composé d’aucun représentant de la communauté LGBT+. «On a trois cisgenres qui décident pour nous!» ont déploré les trois manifestantes transféministes, avant d’être expulsées du Complexe G par plusieurs agents de sécurité.
Toilettes et sports
Le ministre Bernard Drainville n’avait pas attendu le dévoilement du rapport. Déjà l’an dernier, il a interdit la construction de toilettes mixtes dans les écoles, favorisant les blocs sanitaires genrés.
Le comité «suggère» lui aussi de conserver des toilettes pour les filles et pour les garçons, mais également des toilettes individuelles et universelles, permises pour tous.
Le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) réclamait des règles claires et uniformes pour les athlètes transgenres, qui sont de plus en plus nombreux. Le gouvernement Legault avait renvoyé la balle dans le camp du groupe de travail sur l’identité de genre.
N’étant pas «spécialiste» de la question, la présidente Diane Lavallée estime que c’est de la responsabilité de l’État de concocter des guides.
Pour le sport récréatif, le comité «suggère» de maintenir des catégories sportives féminines, masculines, mais d’encourager aussi les équipes mixtes.
Au Québec, on compte 229 000 personnes des minorités sexuelles, c’est-à-dire 3,3% de la population. Un peu plus de 9800 personnes (0,14%) s’identifient comme transgenres et environ 6300 personnes comme non binaires (0,09%).
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.