Tramway de Québec: «Insensé» de gaspiller des centaines de millions $ pour rien, clame Bruno Marchand
Le maire de Québec estime que la Ville avait «zéro besoin» d’une analyse de la CDPQ, qui, de toute façon, vise la rentabilité uniquement


Stéphanie Martin
C’est «insensé» de gaspiller des centaines de millions de dollars pour rien, a clamé jeudi le maire de Québec, qui affirme que pour son projet de tramway, la Ville n’avait pas besoin d’une analyse de la Caisse Infra, qui vise uniquement la rentabilité.
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Bruno Marchand est revenu jeudi matin sur la question des dépenses engagées pour le tramway, malgré la pause forcée imposée par le gouvernement de François Legault. Lors de l’étude du budget, on a appris que la somme colossale de 1 G$ pourrait se retrouver engloutie d’ici la fin de l’année 2024, en raison des travaux en branle, de plusieurs contrats et d’acquisitions en cours.
«Gaspillage»
«Avoir investi presque un milliard dans un projet, il y a quelque chose d’insensé si c’est pas pour donner des résultats», a soutenu M. Marchand, en impromptu de presse.
«On devrait toujours faire en sorte que l’argent qui nous est prêté par les contribuables, on en fasse une utilisation maximale. Et si on en arrivait, au final, à avoir dépensé des centaines de millions pour rien, je pense que ce serait un gaspillage.»

Il a répété que les élus de la CAQ «n’ont certainement pas estimé tout ce qu’il y avait à faire et l’impact que ça aurait» avant d’imposer une pause au projet.
Objectif profit
Pour Bruno Marchand, il n’est pas clair que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) Infra réalisera un projet de transport structurant à Québec. Car l’objectif de la CDPQ Infra est d’assurer la rentabilité d’un projet, rappelle-t-il. D’autant que son avis n’était nullement sollicité par la Ville, dit-il, et a été imposé par la CAQ.
«On avait zéro besoin d’aller chercher un avis extérieur. Et cela mène à la question que beaucoup de gens me posent. C’est qu’on le confie à une organisation dont l’objectif premier est de faire du profit.»
L’objectif de la Ville était très différent, soutient le maire. Le transport structurant vise le «bien commun», soit l’ajout d’un mode de transport efficace, la réduction des gaz à effet de serre et son intégration harmonieuse au bâti de la ville. On ne pose pas la question de la rentabilité quand on construit une bibliothèque ou une école ou qu’on élargit Henri-IV, donne-t-il en exemple.
Achat majeur confirmé
Par ailleurs, l’acte notarié pour l’achat d’un terrain à iA pour y réaliser le pôle d’échanges de Sainte-Foy a été signé. Ce qui confirme que la Ville s’en porte acquéreur pour 37 millions $. Le maire a insisté sur le fait que cette vente devait suivre son cours pour éviter des dépenses de poursuites, puisque l’entente était signée. Il s’agit d’un secteur «névralgique» pour toute transition vers le transport structurant, a-t-il ajouté.
Le chef de l’opposition est d’accord avec cette vision. Claude Villeneuve estime lui aussi que des dépenses de près de 1 milliard $ démontrent une «gestion erratique, ce qui n’est pas rassurant pour les citoyens».
«Le scandale ne repose pas sur les épaules de la Ville. Nous, on allait de l’avant avec un projet.»
Présence de Daniel Genest réclamée
Claude Villeneuve et Jackie Smith, chefs respectifs de Québec d’abord et de Transition Québec, ont tous deux insisté sur l’importance d’entendre Daniel Genest, chef du bureau de projet du tramway, lors des comités pléniers budgétaires qui se déroulent ces jours-ci.
«On pense que c’est fondamental [d’entendre M. Genest]. On est tout à fait conscients du contexte particulier dans lequel évolue le bureau de projet. Il y a des arbitrages qui sont en train de se faire au gouvernement. Mais ça n’empêche pas le directeur du bureau de projet de nous parler du travail qui a déjà été fait et des sommes qui ont été investies», a soutenu M. Villeneuve.
D’après Mme Smith, «c’est une erreur de ne pas appeler Dan Genest pour donner l’heure juste et [nous dire] à quel point c’est problématique d’arrêter les travaux là».
Au cours des derniers jours, le maire Marchand a fermé la porte à la présence de M. Genest aux comités pléniers en soutenant que c’est désormais le gouvernement du Québec qui porte le ballon dans le dossier du transport structurant de Québec.
— Avec la collaboration de Taïeb Moalla
Citation
«Il y a beaucoup de travail. Mettre [le tramway] sur arrêt, c’est pas juste fermer un interrupteur et dire on attend et on le rallumera quand on voudra. C’est très, très complexe.»
— Bruno Marchand, maire de Québec
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