Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Trafic de fentanyl: quatre entreprises et huit ressortissants chinois inculpés aux États-Unis

Photo AFP
Partager

Agence France Presse

2023-06-23T17:28:11Z
2023-06-23T19:04:07Z
Partager

La justice américaine a annoncé vendredi avoir inculpé, pour la première fois, des entreprises chinoises accusées d’avoir fait entrer aux États-Unis les composants nécessaires pour fabriquer du fentanyl, un opiacé de synthèse qui fait des ravages dans le pays. 

Quatre entreprises chimiques basées en Chine et huit de leurs employés sont visés par ces poursuites inédites, a déclaré le ministre américain de la Justice Merrick Garland lors d’une conférence de presse.

Une de ces entreprises est accusée d’avoir, à elle seule, «fait entrer aux États-Unis plus de 200 kilogrammes de précurseurs chimiques dans le but de fabriquer plus de 50 kg de fentanyl, une quantité suffisante pour tuer 25 millions d’Américains», a-t-il déclaré.

Cette compagnie, baptisée Amarvel Biotech, est basée à Wuhan, la capitale de la province du Hubei, et vantait ouvertement sur son site internet sa capacité à transporter les ingrédients du fentanyl au Mexique ou aux États-Unis, selon un communiqué du ministère.

Un de ses dirigeants, Qingzhou Wang, 35 ans, et son chef du marketing Yiyi Chen, 31 ans, ont été expulsés de Fidji le 8 juin, arrêtés par l’agence américaine anti-drogues (DEA) et placés en détention à Honolulu en attente de leur transfert à New York.

D’après les autorités américaines, ils étaient pleinement conscients de la dangerosité de leurs affaires. Selon les documents judiciaires, un informateur de la DEA avait ainsi écrit à Qingzhou Wang en novembre 2017 sur une messagerie cryptée «Tu sais que je fais du fentanyl» et «Ce n’est pas inoffensif», et le dirigeant chinois avait répondu: «Oui, je sais.»

Publicité

Les trois autres entreprises inculpées sont Anhui Rencheng Technology, Anhui Moker New Material Technology et Hefei GSK Trade.

Le fentanyl, un opiacé de synthèse 50 fois plus puissant que l’héroïne, est aujourd’hui la première cause de mortalité des Américains âgés de 18 à 49 ans.

«Coalition»

La Chine a interdit les exportations de fentanyl vers les États-Unis en 2019, une décision alors saluée par le gouvernement de Donald Trump. Mais le pays est accusé d’avoir continué à livrer les précurseurs chimiques du fentanyl surtout vers le Mexique et l’Amérique centrale.

«Les cartels de Sinaloa et de Jalisco travaillent avec des entreprises chimiques basées en Republique populaire de Chine pour obtenir leur matière première» et inondent ensuite les États-Unis de fentanyl, a ainsi relevé la cheffe de la DEA Anne Milgram lors du point-presse.

La Chine nie toute responsabilité dans la crise des overdoses aux opiacés, rejetant la faute sur la société américaine et ses entreprises pharmaceutiques qui ont inondé pendant 20 ans le marché de puissants anti-douleurs très addictifs.

Aux États-Unis, les décès liés aux overdoses aux opiacés ont bondi ces dernières années, passant de 69 000 en 2020 à 81 000 en 2021 et 110 000 en 2022.

Washington avait récemment déjà sanctionné plusieurs entreprises chinoises accusées d’être impliquées dans le trafic de cette drogue.

Le sujet, un point de contentieux entre les deux puissances, a été abordé lors de la récente visite à Pékin du secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Ce dernier a annoncé vendredi que les États-Unis voulaient prendre la tête d’une «coalition» de pays pour lutter contre le fléau du fentanyl.

«Nous encourageons les pays à travers toute la région à nous rejoindre dans cet effort», a-t-il déclaré devant l’assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA), réunie à Washington.

Il réunira virtuellement ses homologues le 7 juillet pour participer à la session inaugurale de cette coalition.

Publicité
Publicité