Trafic d’armes: plus d’accusations portées à Québec qu’à Montréal jusqu’à maintenant cette année
Pierre-Paul Biron et Jean-Philippe Guilbault
Les accusations pour trafic d’armes étaient autrefois rares à Québec, mais la traque policière contre le crime organisé dans la récente guerre des stupéfiants porte visiblement ses fruits dans la Capitale-Nationale, si bien qu’on y compte désormais plus d’accusations en ce sens qu’à Montréal cette année.
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Avant la flambée de violence observée depuis 2023 dans la grande région de Québec, le DPCP avait ouvert un total de quatre dossiers pour trafic d’armes à feu en quatre ans.
Mais depuis deux ans, la hausse est constante et surtout très importante. En fait, il y a eu plus de dossiers ouverts en matière de trafic d’armes à Québec qu’à Montréal depuis le début de l’année 2025.
S’attaquer à la source
Cette augmentation marquée peut très certainement s’expliquer par la volonté des autorités de couper l’alimentation des groupes criminels en armes directement à la source, estiment des experts.
Pour preuve, plusieurs individus soupçonnés d’agir comme «armuriers» pour des factions du crime organisé, notamment pour le compte du Blood Family Mafia (BFM), ont été appréhendés par les policiers au cours des derniers mois.
«Ce sont des dossiers prioritaires pour nous, confirme le procureur au DPCP à Québec, Me Matthieu Rochette. Clairement, c’est aussi devenu une priorité pour les corps policiers.»
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C’est notamment le cas de Bryan Lavoie, qui aurait utilisé son domicile comme «cache d’armes» pour le BFM pendant six mois, selon la preuve présentée lors de son enquête sur remise en liberté.
Un véritable arsenal avait été saisi à son domicile, notamment deux armes semi-automatiques et des chargeurs à haute capacité.
Les forces de l’ordre ont aussi saisi 24 armes à feu lors de saisies multiples en janvier 2025 dans la Capitale-Nationale et à Rivière-du-Loup. Jeffrey Morin et Maxime Lagacé ont été accusés de trafic d’armes à feu et de dispositifs prohibés en lien avec ce dossier. Là encore, des armes semi-automatiques ont été sorties de la circulation.
«Du trafic d’armes, dans le contexte social qu’on connaît actuellement, c’est très troublant, a d’ailleurs souligné le juge Marc Gosselin au moment de condamner Jeffrey Morin à une peine de pénitencier de près de sept ans mercredi. S’il devait y avoir une récidive, pas besoin d’être devin pour comprendre que vous vous exposeriez à une peine très sévère.»
Dans les cas de trafic ou de possession dans le but de faire le trafic d’armes à feu, la peine maximale est de 14 ans. Une peine minimale de trois ans pour une première offense et de cinq ans pour une récidive est toutefois prévue par le Code criminel.
Dossiers ouverts contenant une accusation en matière de trafic d’armes à feu dans le district judiciaire de Québec:
- 2019 à 2022: 4
- 2023: 9
- 2024: 11
- 1er janvier au 31 mai 2025: 12