Trafic d'armes à feu: un intermédiaire trahi par ses textos risque 10 ans de détention

Un trafiquant montréalais bien branché dans le milieu interlope, qui a déjà purgé 15 ans aux États-Unis pour vol et introduction par effraction, risque de passer une autre décennie derrière les barreaux pour son rôle d’intermédiaire dans des transactions d’armes à feu.

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«Tant qu’il y aura des trafiquants d’armes, il y aura des risques pour tous les citoyens de notre société», a lancé la procureure de la Couronne M^e Ève Malouin pour inciter le juge à imposer une peine dissuasive de 10 ans à McEdwin Vilmeus.

Le Montréalais de 53 ans a été reconnu coupable de trafic d’armes à feu et d’un kilo de cocaïne, au terme de son procès au palais de justice de Longueuil. Il a facilité la vente de deux carabines semi-automatiques, une CZ Scorpion ainsi qu’une AR-15, une arme souvent utilisée dans les tueries de masse aux États-Unis.

Selon la poursuite, Vilmeus jouissait d’une certaine réputation dans le milieu interlope: «C’est lui qui a les contacts. Sans ses contacts, il n’y en a pas, de trafic d’armes.»

Trahi par ses textos

Vilmeus croyait pourtant avoir orchestré en toute discrétion les transactions, mais il a été trahi par ses messages cryptés décodés par les policiers. Au départ, le quinquagénaire n’était pas du tout dans la mire des autorités.

Il est devenu un sujet d’intérêt après une vaste rafle, en 2022, qui visait quatre autres individus soupçonnés d’alimenter les gangs de rue en pleine montée de violence armée dans le grand Montréal.

Ceux-ci ont tous été condamnés depuis. Le fournisseur du réseau, Daniel Charléus, a écopé de sept ans de détention. C’est après l’analyse des cellulaires saisis chez lui que Vilmeus a ensuite été accusé.

Il servait d’intermédiaire entre un contact – toujours non identifié à ce jour – et Daniel Charléus, qui se procurait les armes. D’après la Couronne, Vilmeus agissait même comme son mentor.

Des armes qui commandent la peur

Daniel Charléus a ainsi pu mettre la main sur une carabine semi-automatique de fabrication tchèque, la CZ Scorpion, au coût négocié d’environ 4000$. Elle avait ensuite été vendue 12 000$ à un agent double.

Aucune preuve ne démontre que Vilmeus a manipulé lui-même les armes, mais ce n’est pas un facteur atténuant, bien au contraire, estime la poursuite.

«Il a un désintérêt de ce qui adviendra avec. Jamais il ne s’est inquiété de savoir à qui elles seraient revendues et à quoi elles serviraient. Il ne faut pas se leurrer, elles vont nécessairement servir pour commettre des crimes», a déploré M^e Malouin.

Ces armes commandaient la peur et l’on pourrait les qualifier d’assaut, a insisté la procureure pendant que Vilmeus fixait le sol dans le box des accusés.

Celui-ci traîne de nombreux antécédents criminels. En Géorgie, il a écopé de 30 mois pour possession d’une arme, de monnaie contrefaite et de documents frauduleux. Il a surtout été condamné à 15 ans de prison en Floride pour introduction par effraction et vol de grande envergure. Il a été déporté des États-Unis en juin 2015.

Vilmeus, défendu par M^e Alexandre Garel, espère plutôt s’en tirer avec trois ans et demi de détention. Le juge Sasha Blais rendra sa décision en novembre.