Toutes les femmes à risque de se faire violenter ou tuer en Iran, déplore Nimâ Machouf

Louis-Antoine Lemire | Agence QMI
La militante féministe Nimâ Machouf, déjà arrêtée en Iran car elle ne portait pas convenablement le voile, estime qu’elle aurait pu subir le même sort que la jeune femme de 22 ans décédée à la suite de son arrestation par la police des mœurs à Téhéran la semaine dernière.
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«Ça aurait pu être moi. Il y a 40 ans avant que je quitte l’Iran, j’ai été arrêtée pour le port non approprié du voile. Heureusement, des gens ont entouré la voiture de la police et ils l’ont fait fuir. Toutes les femmes sont à risque de se faire violenter ou tuer, si elles ne sont pas d’accord avec le voile obligatoire», a-t-elle mentionné en entrevue jeudi à QUB Radio dans l’émission de Benoît Dutrizac.
Mme Machouf a tenu à préciser que Mahsa Amini, la jeune femme tuée, ne militait même pas lors de son arrestation et elle croit mordicus que cette femme a été battue sauvagement contrairement à ce que la police iranienne rapporte.
Dernièrement, des images ont circulé dans les médias montrant des Iraniennes brûler le voile. Questionnée à savoir si c’est le début d’une révolution, Mme Machouf a mentionné qu’elle l’espère bien. Cependant, tout dépendra de la durabilité du mouvement de résistance selon elle.
«En Iran, c’est difficile de résister au gouvernement, car la répression est très forte. Avant la pandémie, il y a eu un soulèvement en raison de l’augmentation du prix de l’essence et il y a eu 1500 morts dans les rues. C’est très risqué de résister au gouvernement», a mentionné celle qui souhaite de tout cœur que cette fois-ci soit la bonne.
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Nima Machouf a fait état que les partis d’opposition n’ont pas le droit d’avoir leur activité politique en Iran et que les manifestations sont interdites tout comme les journaux d’opposition.
«Il faut canaliser l’énergie de ce mouvement pour l’amener vers un changement réel. Les gens commencent à se réunir pour donner des aspirations démocratiques pour un prochain gouvernement.»
Mme Machouf a d’ailleurs admis qu’elle se prive de retourner dans son pays natal, car elle a pris trop souvent la parole contre le gouvernement iranien.