Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Délais de branchement d'Hydro: il passe tout un hiver sans chauffage ni électricité

Les délais d’Hydro-Québec font vivre un cauchemar à un citoyen de Lanaudière

Guy Berardino a passé l’hiver à -40 degrés, vécu une dépression et devra dépenser des milliers de dollars pour réparer les dégâts subis par sa maison. Tout ça parce qu’Hydro-Québec était incapable de brancher sa résidence dans des délais raisonnables.
Guy Berardino a passé l’hiver à -40 degrés, vécu une dépression et devra dépenser des milliers de dollars pour réparer les dégâts subis par sa maison. Tout ça parce qu’Hydro-Québec était incapable de brancher sa résidence dans des délais raisonnables. Photo fournie par Guy Berardino
Partager
Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2023-02-27T05:00:00Z
Partager

Guy Berardino a passé l’hiver à -40 degrés, vécu une dépression et devra dépenser des milliers de dollars pour réparer les dégâts subis par sa maison. Tout ça parce qu’Hydro-Québec est incapable de brancher sa résidence dans des délais raisonnables. 

«Ce n’est pas juste le matériel de ma maison qui est endommagé, c’est aussi mon mental. Je n’ai pas de vie. Je fais 20 km pour aller prendre ma douche chez un ami et faire mon lavage dans une buanderie», dit Guy Berardino, un citoyen de Saint-Zénon. 

Sans électricité, il doit manger des repas déjà préparés, qu’il achète dans les dépanneurs. Il aimerait faire son épicerie, mais impossible de brancher un réfrigérateur chez lui. 

«C’est ridicule, on n’est pas dans le temps des filles de Caleb! Je paye des taxes et des impôts comme tout le monde», confesse ce concierge au bout du fil, qui peine à retenir ses sanglots pendant notre entretien.

Mauvaise surprise

À l’automne 2022, suite à un changement de travail, M. Berardino achète une maison à Saint-Zénon, qui nécessite des réparations. Il fait une demande de branchement à Hydro-Québec le 8 octobre. Il se dit alors qu’il devrait être branché à temps pour l’hiver et les grands froids.

Publicité

«J’ai attendu jusqu’à la première semaine de décembre. Mon électricien me disait qu’il n’avait toujours pas de nouvelles et que je devrais peut-être appeler Hydro-Québec. Le service à la clientèle a vu mon dossier et ils m’ont dit : “En ce moment, on a un problème de pénurie de techniciens. En plus, vous habitez en région. Ça va prendre de 12 à 18 mois, trouvez-vous un plan B”. Ça m’a scié les jambes!», raconte l’homme de 55 ans.

M. Berardino s’est alors équipé d’une fournaise à gaz et d’une génératrice. Ses voisins sont pourtant tous connectés, et vivent à peine à 100 pieds de chez lui. Hydro-Québec lui a proposé un «branchement temporaire» en attendant, mais cela aurait coûté entre 4000 $ et 6000 $. 

«Pourquoi je débourserais des frais supplémentaires ? Je ne suis pas un gros salarié, je travaille à la commission scolaire comme concierge», déplore-t-il.

Dégâts de près de 10 000 $

La situation complique le quotidien de Guy Berardino. Il doit revenir à la maison chaque fois qu’il en a l’occasion. 

«Mes 45 minutes de lunch, je les passe à aller à ma maison pour voir si le gaz n’est pas arrêté. Parce que s’il manque d’air dans la maison, la fournaise arrête».

Évidemment, passer le rude hiver sans électricité a endommagé sa maison. Il a vécu une partie de l’hiver à 13 degrés Celsius. La glace a gonflé ses fenêtres, et la moisissure a envahi les fondations de sa maison. Au point où il doit maintenant tout défaire ce qu’il a bâti en achetant la propriété. 

Publicité

«C’est au moins 10 000 $ en dommages. Et c’est parce que c’est moi qui le fais. Je vais aussi être obligé de changer toutes mes fenêtres parce qu’elles ont pris de l’expansion à cause de la glace», dit-il.

Fitzgibbon lui répond

M. Berardino admet être tombé en dépression après Noël. Il a passé 15 jours encabané, à «regarder sa maison». Diane Laroque, une auteure et amie de longue date, s’inquiétait de son état mental. Elle a décidé de contacter les médias. 

«Il m’a fait peur après les Fêtes. Quand il a su que ça allait prendre autant de temps, il est tombé quasiment dépressif, il n’était pas capable de tenir une conversation sans pleurer. Ce qui m’a sidérée, c’est qu’il appelait Hydro-Québec, et eux voyaient bien son état, mais personne ne faisait rie », dit-elle. 

Elle a finalement reçu une réponse par courriel du ministre Pierre Fitzgibbon lui-même, disant qu’il allait s’occuper de son problème. 

Mais, M. Berardino attend toujours. 

Le Journal a contacté Hydro vendredi pour s’enquérir du dossier. 

« C’est un branchement qui demande des travaux d’ingénierie, du déboisement et du plantage de poteaux. Ce n’est pas un raccordement simple », explique Caroline Des Rosiers, d’Hydro-Québec. Quand ça implique des travaux d’ingénierie, ça implique plus de temps. Mais un technicien d’Hydro-Québec est en contact avec M. Berardino », assure-t-elle.

Manque d’employés chez Hydro

Hydro-Québec, qui a déclaré mercredi des profits historiques, justifie ces retards par un problème de main d'oeuvre. 

« Il manque beaucoup de monde, effectivement, pour ce qui est des demandes de raccordement », a dit le porte-parole Cendrix Bouchard quand on l’a questionné à ce sujet mercredi, lors du dévoilement des résultats d’Hydro-Québec. 

Publicité

« Il y a une augmentation de la demande depuis deux ans, d’à peu près 50 %, mais dans bien des cas ce sont des prolongements de réseau », précise-t-il.

Hydro paye aussi pour les problèmes de ses fournisseurs. 

« Nos monteurs sont très occupés, mais ceux qui plantent les poteaux, ce sont des sous-traitants. Et eux, ils manquent de main-d’œuvre. Il y a aussi une demande accrue, qui est due à l’essor économique », ajoute-t-il.

M. Berardino attend avec impatience le jour où Hydro lui branchera enfin sa maison. 

« Si je parle dans les médias, c’est parce que je ne veux pas qu’il y ait d’autres gens qui vivent ces choses-là. On ne laisse pas du monde comme ça dans un pays comme le nôtre. L’électricité, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité ». 

« Moi je ne veux pas aller sur la lune. Je veux juste avoir une vie normale, recevoir de la visite et faire le souper. »

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité