«Tout écrivain devrait monter sur scène pour pouvoir tester son pouvoir de conteur» – Bernard Werber
Il sort des sentiers battus avec «VIE»


Marie-France Bornais
Depuis la publication de son best-seller Les fourmis, Bernard Werber est une star internationale de la littérature. Ses romans visionnaires, d’une très grande originalité, en font un véritable auteur culte. Au Québec, il compte des fans de la première heure, qui lui sont fidèles année après année et qui surveillent avec attention la sortie de ses livres. Cette année, il présente Le temps des chimères et innove encore plus en présentant VIE, un étonnant spectacle de «tourisme spirituel».


Toujours formidable en entrevue, malgré le décalage horaire, le manque de sommeil et la fatigue du voyage, Bernard Werber parle avec enthousiasme de sa visite éclair au Québec.
«Ce qui me plaît au Québec, c’est que la nature est très présente. C’est les grandes étendues, c'est de la forêt, c'est des montagnes, c'est des lacs. J’espère que vous allez préserver ça», dit-il en ajoutant qu’il trouve qu’ici, l’air est plus léger qu’à Paris...
«Ce que j'aime bien, c'est tous les avantages de l'Amérique, plus les avantages de la France mélangés. À savoir qu’il y a quand même ce côté entrepreneur qu’on voit aux États-Unis et le côté terre nouvelle.»
«Je pense qu’il y a une plus grande ouverture sur la spiritualité, du fait que précisément il n'y a pas tout le poids de l'histoire. Vous avez le poids d'une autre histoire.»
Un public attentif et ouvert
Les Québécois lui ont réservé un accueil particulier depuis le début: dès la sortie des Fourmis, il a rapidement trouvé ici un fan-club fidèle. Ses romans, année après année, sont accueillis avec enthousiasme.
«Déjà, les médias étaient plus attentifs... mais je crois que ça vient d'une chose: c'est qu'il n'y a pas les préjugés sur la science-fiction qu'il y a en France, où on considère que la science-fiction c'est pour les adolescents.»
«C’est peut-être dû à la proximité des États-Unis? Ici, on sait qu’avec la science-fiction, on peut faire passer des idées et que la science-fiction, c'est même un laboratoire pour sortir des choses en avance.»
«Mais en même temps, c'est peut-être ma chance», constate l’auteur, qui est l’un des rares auteurs à pouvoir sortir la science-fiction du petit ghetto dans lequel tout est codifié et classé, soit dans la catégorie des extra-terrestres, soit dans celle des superpouvoirs. «Moi, ce que je fais, c'est un truc un peu bâtard: c'est entre le fantastique, la spiritualité, la science-fiction, le polar.»
Il écrit ce qu’il a envie d’écrire et crée ses propres univers. «Je trouve qu’il y a plus de tolérance et d’ouverture ici au Québec qu'en France. C'est pour ça que j'aime bien venir ici. En général, je viens tous les deux ans. Et là, la grande innovation, c'est que là je monte sur scène: j'ai le spectacle!»
Voyage intérieur expérimental
Bernard Werber présentera VIE, Voyage intérieur expérimental, le 16 avril au Théâtre Outremont, pour la première fois au Canada. Accompagné d’une harpiste et chanteuse, Vanessa Francoeur, il a au programme toutes sortes de choses «flyées», comme des méditations guidées permettant d’aller faire une petite visite touristique dans ses vies antérieures.
Il invite l’auditoire à faire des mouvements (un peu à la manière d’une danse kecakindonésienne) ou même à chanter telle ou telle note de façon à produire collectivement un accord spécifique.
«C’est un nouveau truc: c’est un spectacle vivant. Ça veut dire que moi-même, je ne sais pas très bien ce qui va se passer! J’essaie de faire rire, de faire réagir. L’ensemble du spectacle n’arrête pas d’évoluer.»
Son spectacle a-t-il un pouvoir transformateur? «Tu sais, je crois que l’art est fait pour changer celui qui le reçoit, que ce soit le livre, la musique ou le théâtre. Tu arrives en ayant certaines idées et tout d’un coup, après avoir vu le spectacle, tu t’aperçois que tu peux changer ta manière de percevoir les choses, peut-être les voir sous un autre angle. C’est pour ça que je fais ce spectacle.»
Interaction en direct
Bernard Werber aime l’interaction, en direct, avec les spectateurs. Chose qu’il n’obtient pas avec les livres. À tel point qu’il est convaincu que l’écriture seule sera désormais insuffisante pour lui.
«Je crois que tout écrivain devrait monter sur scène pour pouvoir tester son pouvoir de conteur. Je n’oublie jamais que la base de ce métier que je pratique, c'est le conteur au coin du feu de la préhistoire. C’est lui qui tenait les gens en haleine, c'est lui qui créait la culture. Chaque tribu avait une histoire avec des chasses, des guerres, des accidents, des personnages.»
Hors de sa zone de confort
En montant sur scène, Bernard Werber sort véritablement de sa zone de confort. «Le plus drôle, c’est que je suis un grand timide. J’ai très peur du regard des autres, j’ai très peur de déplaire, d’avoir l’air bête. Quand je monte sur scène, à chaque fois, je me dis: pourvu que ça marche! J’ai très peur. C’est une manière pour moi de transcender cette peur.» Et tenez-vous bien: il a le trac, chaque fois.
L’écrivain se souvient qu’à l’école, il était le type solitaire, dans un coin, en train de lire des bouquins. «J’étais le binoclard introverti. Et là, monter sur scène... j’ai déjà fait des salles de 2000 personnes! Mais prendre des risques et sortir de sa zone de confort, pour tout artiste, c’est indispensable.»
Scoop sur son prochain roman
Ces jours-ci, Bernard Werber travaille sur la version finale de son prochain roman.
«Mon héroïne, en ce moment, écoute Dead Can Dance!» révèle l’écrivain né en 1961, qui est fan de ce groupe britannico-australien très populaire dans les années 1980.
«Je n’en ai encore parlé à personne: c’est la fille du héros de La Prophétie des abeilles qui va essayer d’aller plus loin que ses parents. J’ai déjà écrit ce livre 11 fois. Onze fois 500 pages... Mais il n’est pas au point.»
«Et là, je me dis que je pourrais le rendre dans un mois... donc j’ai démarré la version finale, ce matin, ici. Je réécris tout au complet. C’est lié au spectacle: c’est des gens qui utilisent leurs vies antérieures pour aller explorer la vérité sur le passé.»
- Depuis la parution des Fourmis, Bernard Werber est un des romanciers les plus lus en France.
- Il est traduit dans le monde entier, notamment en Russie et en Corée du Sud, où il est un véritable auteur-culte.
- Ses livres ont été vendus à plus de 30 millions d’exemplaires.
- Son dernier livre s’appelle Le temps des chimères. Ce roman d’aventure raconte le projet fou d’une jeune scientifique qui parvient, après la Troisième Guerre mondiale, à inventer de nouvelles espèces hybrides, mi-homme mi-animal. Elle voit naître des bébés pourvus d’ailes, de griffes ou de nageoires.
- Bernard Werber sera en dédicace au Salon international du livre de Québec le samedi 13 avril à 10h30 et à 13h au kiosque no 227, et le dimanche 14 avril à 13h au kiosque no 227.
- Il participera à une discussion croisée avec Mireille Gagné sur la scène Radio-Canada le samedi 13 avril à 12h30.
- Il fera ses prescriptions littéraires le dimanche 14 avril de 12h à 13h au kiosque no 744.
- Le spectacle Voyage intérieur expérimental de Bernard Werber (accompagné par la harpiste Vanessa Francoeur) sera présenté le 16 avril au Théâtre Outremont à Montréal. Les billets sont en vente sur le site web: TheatreOutremont.ca.
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